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Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, 1945 © Pathé Films
C’est une première pour la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé : l’exposition Comédie-Française & Cinéma, Aller-Retour (1908 - 2022) investit pour la première fois les trois étages du célèbre bâtiment édifié par Renzo Piano pour relater la relation intime et passionnelle qu’a nouée le Français avec le cinéma.
Metteurs en scène et cinéastes, auteurs et scénaristes, comédiennes et actrices, comédiens et acteurs, ont offert aux deux arts une magistrale distribution. À travers une collection d’archives inédites, l’exposition révèle tous les secrets de cette histoire parsemée d’allers-retours. Des pièces de théâtre qui deviennent des films, des scénarios inspirés ou adaptés de pièces du répertoire, des scènes cadrées par l’œil d’une caméra, des réalisateurs qui mettent en scène, Comédie-Française et cinéma s’unissent en un véritable diptyque et laissent apparaître, en premier plan, ces comédiens de théâtre qui deviennent acteurs au cinéma ou ces acteurs de cinéma qui deviennent comédiens de la Troupe : de Sarah Bernhardt à Guillaume Gallienne, de Robert Hirsch à Isabelle Adjani, Comédie-Française & Cinéma, Aller-Retour est certes, un véritable hommage au Français mais aussi une déclaration d’amour à tous ses comédiens.
La Légende d'Oedipe de Gaston Roudès, 1912 © Coll. Fondation Pathé
La scénographie de l’exposition a été confiée à Clémence Farrell et son agence éponyme, artiste renommée pour ses mises en scène audacieuses. La création graphique a été confiée à Bénédicte Roland. Pour mettre en lumière les liens qui font croiser les chemins du sixième et du septième art, elles ont choisi un langage artistique immersif, sensoriel et visuel appuyé par un jeu créatif de son et de lumière.
-Plus de 150 photographies (portraits de comédiens et d’acteurs, photos de tournages),
-120 extraits de films (autant de films dans lesquels apparaissent les comédiens que des pièces filmées du répertoire ou des productions originales de la Comédie-Française),
-une quinzaine d’affiches issues des collections de la Fondation Jérôme Seydoux Pathé, du musée Gaumont et de la Comédie-Française,
-autant de costumes prêtés par la Cinémathèque française et le Centre national du costume de scène,
-des maquettes de décor (dessin et 3D),
-des bustes,
-des ephemera souvent inédits de type correspondances, publicités, périodiques, programmes
… sont pour la première fois rassemblés pour lever le rideau sur la relation immuable de la Comédie-Française et du cinéma. Un grand nombre des documents présentés sont issus des fonds de la Comédie-Française.
1908 – 2022. L’exposition que dédie la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à la Comédie-Française révèle plus d’un siècle de relation passionnante.
1908 : Le théâtre s’invite au cinéma
La première rencontre entre le théâtre et le cinéma s’opère dès les premières années du septième art. C’est ce dernier qui fait le premier pas, courtisant comédiens et enfants de la balle. Les films du Phono-Cinéma-Théâtre, procédé cinématographique sonore montré à l’Exposition Universelle de 1900, permettaient à chacun d’apprécier le jeu de Sarah Bernhardt et de Coquelin aîné dans leur scène les plus fameuses. Mais c’est surtout la création du Film d’art et de la Société cinématographique des gens de lettres (la S.C.A.G.L.), sociétés étroitement liées à Pathé à leurs origines, qui, en 1908, ouvre une longue période d’échanges entre la Comédie-Française et le cinéma. L’histoire commence.
L’avant-guerre est marquée par la volonté explicite de l’industrie cinématographique de devenir « un nouvel art » et de se mesurer aux arts de la scène. Pour L’Assassinat du duc de Guise, une des premières productions du Film d’art et premier grand succès du cinéma, Charles Le Bargy emploie ses élèves du Conservatoire. La collaboration est intense au cours des années 1910 : jeu des acteurs, scénarios d’auteurs, procédés narratifs, musiques d’accompagnement. Tout est à inventer pour cet art naissant. Hommes et femmes de théâtre investissent un monde qu’ils ignoraient. C’est l’occasion de s’approprier un mode d’expression et des espaces nouveaux, de développer de nouvelles manières de jouer et d’investir un répertoire.
La Tosca de Charles Le Bargy, 1909 © Collection Fondation Pathé
La Comédie-Française permet de promouvoir les films grâce à des célébrités et de s’appuyer sur la renommée de comédiens professionnels. Pour assurer leur succès, les films emploient des comédiens du théâtre dont la renommée est immense, comme Mounet-Sully, Jeanne Delvair ou Madeleine Roch. À l’écran, ils incarnent des caractères qui correspondent souvent à leur emploi sur les planches, mais d’autres comme Gabrielle Robinne et René Alexandre se produisent aussi dans des films qui dépeignent « la vie moderne ». Le cinéma trouve ainsi en de jeunes sociétaires de nouveaux visages. Le théâtre, au cours des années 1910, rehausse le prestige d’un art naissant et permet de capter un public urbain et cultivé.
Le cinéma adopte ainsi un schéma plus narratif. Pathé finance et édite le Film d’art, dans lesquels participent des acteurs notoires de la Comédie-Française : Cécile Sorel (La Tosca, 1909), Charles le Bargy (La Tosca, Le Retour d’Ulysse, 1909), Mounet-Sully (Le Baiser de Judas, 1909), Paul Mounet (Le Retour d’Ulysse, 1909). Au cinéma, ils deviennent des têtes d’affiche. Sur les planches, ils proposent un jeu plus moderne qui renouvelle ainsi le répertoire du Français avec des spectacles plus populaires.
1929 : Deux mondes en concurrence
L’avènement du parlant coïncide avec une limitation des tournages et l’obligation, pour les comédiens, d’obtenir l’autorisation de leur administration pour se produire devant les caméras. L’administrateur Emile Fabre souligne la décision en envoyant une directive à 250 maisons de production.
Il faut attendre les années 1930 pour voir réapparaître les noms des comédiens de la Comédie-Française au cinéma : Marie Bell (Le Grand Jeu de Jacques Feyder en 1934) ; Jean Yonnel, qui tient des rôles importants en 1934 avec Amok de Fedor Ozep, et Obsession de Maurice Tourneur ; Maria Chapdelaine de Julien Duvivier en 1934. Ils tiennent souvent des premiers rôles et font l’unanimité du public grâce à leur talent à brosser des portraits psychologiques complexes. En 1943, le jeune sociétaire Jean-Louis Barrault se partage entre la mise en scène du Soulier de satin et son rôle de Baptiste Deburau dans Les Enfants du paradis. La période de la guerre est marquée par la présence de Raimu, vedette de l’écran et interprète-titre du Bourgeois gentilhomme et du Malade imaginaire.
Sapho de Léonce Perert, 1934 – Photostudio Pathé Natan © Pathé Films
Parallèlement, la Comédie-Française favorise sa renommée en initiant un spectacle filmé. C’est en 1934 que le cinéma s’invite pour la première fois dans un théâtre. Une soirée à la Comédie-Française est conçue dans les studios de Pathé par Léonce Perret. Le but est d’étendre la notoriété de la Comédie-Française au-delà des 100 km de Paris et de sa région. Les Précieuses ridicules de Molière et Les Deux Couverts de Sacha Guitry font partie des quelques pièces à être filmées.
De 1950 à 1990
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les apparitions des comédiens du Français sont plus rares au cinéma mais à la fin des années 1940, l’emploi de Comédiens-Français devient une pratique fréquente pour beaucoup de réalisateurs. On retrouve ainsi Maurice Escande, Louis Seigner, Robert Hirsch, Catherine Samie, Catherine Hiegel, Roland Bertin. Leur appartenance au Français, soulignée aux génériques des films et sur le matériel publicitaire, est un gage de qualité, quand bien même le comédien ne joue qu’un second rôle.
Filmés par Jean Meyer, Le Bourgeois gentilhomme, avec notamment Louis Seigner, Robert Manuel et Jeanne Moreau (1958), puis Le Mariage de Figaro, avec Jean Piat (1959), accompagnent un mouvement de découverte du théâtre par le plus grand nombre.
125 rue Montmartre de Gilles Grangier, 1959 © Pathé Films
Au cours des années suivantes, la carrière théâtrale des acteurs se double d’une carrière cinématographique. Comme à toutes les époques, certains doivent quitter la Troupe – en 1974, Isabelle Adjani, pensionnaire, fait le choix de poursuivre une carrière cinématographique – tandis que d’autres parviennent à ménager deux parcours. Si, au début du XXe siècle, la Comédie-Française refusait de voir figurer sur les affiches l’appartenance des comédiens à la Troupe, elle le revendique désormais haut et fort. Chacun voit son nom suivi de la mention « de la Comédie-Française ».
Le théâtre et le cinéma profitent mutuellement de ces échanges : les productions cinématographiques se trouvent ainsi labellisées par la renommée de la plus ancienne troupe de France, et la Comédie-Française rayonne par ses acteurs dont l’audience s’élargit auprès du grand public.
De 1990 à aujourd’hui
Dans les années 1990, une nouvelle génération émerge. Les comédiens de théâtre qui passent devant et derrière la caméra ont arrêté d’incarner des seconds rôles et ne sont plus des exceptions. Ils deviennent des véritables têtes d’affiche à l’instar de Denis Podalydès , Guillaume Gallienne, Laurent Stocker, Marina Hands, Benjamin Lavernhe ou encore Pierre Niney. Entre chaque aller-retour des figures du Français et du cinéma ont laissé les traces de ces liens infrangibles. Désormais, certains se font même connaître au cinéma avant d’appartenir à la grande famille de la Comédie-Française. Dominique Blanc, Laurent Laffite, Michel Vuillermoz, Samuel Labarthe en sont de beaux exemples. Aujourd’hui encore, l’histoire continue et cette exposition ouvre peut-être un nouvel acte mais certainement pas la fin de l’histoire.
La Reine Margot de Patrice Chéreau, 1994 © Pathé Films
À la même période, les écrans s’invitent de plus en plus au théâtre, à la Comédie-Française notamment, qui fait appel à des réalisateurs pour ses mises en scène, depuis Franco Zefirelli (Lorenzaccio, 1977), Idrissa Ouédraogo (La Tragédie du roi Christophe, 1991) et Youssef Chahine (Caligula, 1992) jusqu’à récemment, Zabou Breitman (Le Système Ribadier, 2015), Arnaud Desplechin (Père en 2015 et Angels in America en 2020), et Christophe Honoré (Le Côté de Guermantes, 2020). Qu’ils soient d’un usage ponctuel ou constitutif de l’esthétique du spectacle, notamment par leurs décors et leurs procédés de mises en scène, la caméra et l’écran sont désormais un mode d’expression théâtral, utilisés en prises directes ou donnant lieu à des créations de film.
Dans les années 2000, de plus en plus de metteurs en scène adaptent sur scène des scenarii de films. Ainsi le film de Jean Renoir, La Règle du jeu (Christiane Jatahy, 2017) et celui de Luchino Visconti, Les Damnés (Ivo van Hove, 2017).
Après avoir un temps été captés pour la télévision, certains spectacles sont depuis 2016 projetés en direct grâce à un système de vidéotransmission. Pathé Live diffuse ainsi les pièces dans plus de 1 200 salles de cinémas en France et à l’international.
De plus, la Comédie-Française réinvente les rapports entre le théâtre et la caméra avec la collection des « Films originaux ». Tandis qu’en 1908, on demandait à des acteurs de théâtre comme Charles Le Bargy de mettre en scène le cinéma, ce sont ici des réalisateurs qui, depuis 2010, filment les pièces du Répertoire, avec leur esthétique propre et la distribution de la Comédie-Française. Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Claude Mouriéras, Valeria Bruni-Tedeschi, Arnaud Desplechin, Vincent Macaigne,
Mathieu Amalric, Valérie Donzelli, Guillaume Gallienne, Christophe Honoré, tournent ainsi des films diffusés sur France Télévisions, sur Arte, ou au cinéma.
Comédie-Française & Cinéma, Aller-Retour (1908 - 2022) est bien plus qu’une simple exposition. C’est aussi un programme de rencontres et de projections qui ira au-delà des murs de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.
Des grandes figures du Français seront ainsi invitées à rencontrer le public de la salle Charles Pathé. (Programmation en cours au regard des conditions sanitaires)
Sur l’écran de cinéma, un cycle cinématographique baptisé Comédie-Française réunira aussi les plus grands comédiens de théâtre lors de projections exceptionnelles de films muets en ciné-concert (du 15 janvier au 8 février 2022).
Sur le trottoir d’en face, le cinéma Gaumont Les Fauvettes bousculera également sa programmation pour célébrer la Comédie-Française. Du 12 janvier au 8 février, le cinéma proposera à ses spectateurs un cycle de films contemporains dédié aux grandes comédiennes et aux grands comédiens de théâtre.
Enfin, dans toute la France, les spectateurs de 200 cinémas, dont les cinémas Pathé et Gaumont, pourront célébrer le jour anniversaire des 400 ans de Molière. Le 15 janvier à 20h10, Pathé Live, pionnier et leader en France dans la diffusion d'événements culturels au cinéma, offrira la diffusion en direct de la première du Tartuffe ou l’Hypocrite, mis en scène par Ivo van Hove, depuis la Comédie-Française. Ainsi, de la Salle Richelieu aux salles des cinémas français, le public du théâtre s’unira à celui du cinéma pour applaudir en harmonie le Français et le septième art.
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins, 75013 Paris
www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com
Horaires d’ouverture :
Mardi 13h - 20h
Mercredi, jeudi et vendredi 13h - 19h
Samedi 11h30 - 19h
Tarifs :
Billet couplé 1 séance de cinéma + accès aux espaces d'exposition :
Tarif plein : 7 € ; Tarif réduit : 5,50 € ; Moins de 14 ans : 4,50 €
Tarif partenaire (pour les abonnés du Libre Pass de la Cinémathèque française
et le CinéPass Pathé Gaumont) : 4 €
Carte 5 places valable 3 mois : 20 €
Carte 5 places à retirer sur place
Billet d'entrée pour l'exposition à acheter sur place uniquement
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