A partir des années 1880, la deuxième révolution industrielle apporte une nouvelle impulsion à l’économie française et change les modes de vie.
C’est dans ce contexte que Charles Pathé s’intéresse dès 1894 à une invention d’Edison, le phonographe. D’abord forain, il propose des écoutes de phonographe puis s’établit en décembre 1894 marchand à Paris.
En 1895, il s’intéresse au perfectionnement du kinétoscope, une autre invention d’Edison, et à l’engouement des inventeurs pour la chronophotographie, en finançant l’inventeur Henri Joly. Cette initiative est concurrencée à partir de décembre 1895 par les séances publiques organisées par les frères Lumière à Paris grâce à leur invention, le Cinématographe.
Au printemps 1896, Charles Pathé et ses trois frères, mettant en commun leurs économies, créent une première société. Jacques et Théophile s’étant retirés du projet, ce sont finalement Charles et Emile qui se retrouvent associés à la tête de la société Pathé Frères, créée le 28 septembre 1896.
A ses débuts, Pathé frères se consacre surtout à la vente de produits phonographiques ; elle propose également des films et des appareils de prises de vue.
Puis, transformée en société anonyme en décembre 1898 grâce à l’apport de financiers lyonnais et stéphanois, elle mène ses deux activités à un stade industriel.
Pathé diversifie et étend ses activités dans trois usines entre 1898 et 1906 : d’abord à Chatou (fabrication de cylindres puis de phonographes), à Vincennes (tournages de film, développement des négatifs, tirage des copies et coloriage des films),puis à Joinville à partir de 1906 (tirage des copies, montage, teintage, virage). A l’étranger, Pathé s’implante à Foots Cray, en Angleterre, puis fait construire en 1907 une usine de cylindres à Moscou et une usine de tirage de copies à Bound-Brook, dans le New Jersey.
Ferdinand Zecca dirige la production des films à partir de 1901 et développe la notion de genres en proposant à son catalogue des scènes comiques, grivoises, dramatiques, réalistes, religieuses, des féeries, des contes, etc.
Aux théâtres de prises de vue de Vincennes (construit en 1902 et en 1904) et de Montreuil (1904) officient des metteurs en scène comme Lucien Nonguet, Segundo de Chomon, André Heuzé, Gaston Velle ou Albert Capellani.
Des milliers de titres sont produits, certains connaissant un grand succès comme La Course à la perruque (André Heuzé, 1906), La Poule aux œufs d’or (Gaston Velle, 1906) et La Vie et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ (Ferdinand Zecca, 1907).
A l’origine, le cinéma est une attraction populaire présentée dans les foires, les cafés-concerts et les brasseries. Pathé, en l’installant dans les premières salles de spectacles et en développant à grande échelle la location de films, contribue à créer à partir de juillet 1907 les premiers circuits régionaux.
Mais Pathé se caractérise surtout comme une firme internationale en ouvrant des succursales dès 1904 à Moscou et à New York, puis à Londres, Berlin, Milan, Barcelone, Amsterdam et Bruxelles.
Aux Etats-Unis, Pathé est une société pionnière, produisant un film par jour en 1906 quand les firmes américaines n’en proposent qu’un par semaine.
En 1907, 30 % des bénéfices de Pathé proviennent des Etats-Unis, à tel point qu’Edison en viendra en 1908 à former un trust de producteurs, la future Motion Picture Patents Company (MPPC),pour réduire la position dominante de la firme française, qui est alors le premier empire cinématographique mondial.
En France, la firme agrandit ses usines pour se spécialiser, à partir de 1909, dans la fabrication de la pellicule nitrate puis ininflammable. Les unités de production de Vincennes et de Joinville vont ainsi détrôner en Europe le monopole détenu par le fabricant américain George Eastman. Progressivement, des théâtres de prises de vue et des laboratoires sont adjoints aux sites étrangers pour assurer une production locale et la diffusion des actualités filmées du Pathé-Journal qui, créé en 1908 est alors « le premier de l’univers ». Aux Etats-Unis, le théâtre de prises de vue, dirigé par Louis Gasnier à partir de 1910, permet la diffusion de films adaptés au public américain.
Mais en s’internationalisant, l’école Pathé est inévitablement imitée, et bientôt concurrencée. Même si la société distribue encore entre 30 et 50 % des films projetés en Europe et aux Etats-Unis, la création de nombreuses firmes nationales en Suède, en Grande-Bretagne, en Italie et surtout aux Etats-Unis avec la MPPC, entraîne malgré une hausse en volume, un recul en part de marché.
Par ailleurs, l’entrée en guerre de la France en 1914 oblige Pathé à s’adapter. Pendant quelques mois, l’activité des usines est ralentie du fait de la mobilisation des ouvriers et des difficultés de transport. A partir de 1915, la société participe activement à l’effort de guerre en consacrant une partie de ses installations de Chatou et de Vincennes à la fabrication d’armes et de protections. Pathé s’investit également dans le Service photographique et cinématographique des armées. Enfin, la guerre déplace le pôle d’activité de la société vers les Etats-Unis, où les vingt épisodes de la série produite par Pathé Les Mystères de New York (1914) rencontrent un énorme succès qui permet à la société de faire du marché américain son principal fournisseur et destinataire. Plusieurs metteurs en scène de la maison y sont envoyés, Ferdinand Zecca en particulier.
La production cinématographique de Pathé de la décennie 1908-1918 évolue de façon significative. Pour diversifier son public, la firme opte pour des films plus longs et plus ambitieux, souvent inspirés de l’histoire et de la littérature. A partir de 1908, Pathé édite par exemple les films des sociétés Le Film d’art et de la Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (SCAGL). Venues du music-hall et du théâtre, plusieurs vedettes acquièrent une dimension internationale : René Alexandre, André Deed, Charles Petit Demange, dit Prince-Rigadin, Max Linder, Mistinguett, Stacia Napierkowska, Gabrielle Robinne, Gabriel Signoret. Parmi les principales productions et éditions de la période, on mentionnera L’Assassinat du duc de Guise (1908), Cléopâtre (Henri Andréani et Ferdinand Zecca, 1910), L’Affaire du courrier de Lyon (Albert Capellani, 1911), Les Misérables (Albert Capellani, 1913), Notre-Dame de Paris (Albert Capellani, 1911), L’Affaire du collier de la reine (1911), La Glu (Albert Capellani, 1912), Lucrezia Borgia (Ugo Falena, 1912), Sans famille (1913), Les Mystères de Paris (Albert Capellani, 1913), Le Chevalier de Maison-Rouge (Albert Capellani, 1914), Maudite soit la guerre (Alfred Machin, 1914), la série des aventures de Rocambole (Albert Capellani, 1914) et les scènes de la Vie moderne réalisées par Ferdinand Zecca et René Leprince (1913).
La fin de la guerre place Pathé devant un constat difficile : la perte de sa suprématie face aux productions étrangères, principalement américaines. Convaincu qu’il est illusoire de vouloir s’y opposer, la société recentre ses activités sur la fabrication de la pellicule.
En 1918, la branche phonographique localisée à Chatou se détache du groupe ; elle continuera de fonctionner sous la direction d’Emile Pathé. Entre 1920 et 1922, le groupe cède la majorité de ses succursales étrangères, affaiblies pendant la guerre. Il s’agit notamment en 1921 de la branche américaine, Pathé Exchange. La même année est créée une nouvelle société, baptisée Pathé Consortium Cinéma, chargée de la production et de la distribution des films. Elle contribue à changer le paysage de l’exploitation en rachetant des circuits et en mettant en place la notion d’exclusivité.
Entre 1918 et 1928, l’empire Pathé est donc complètement réorganisé. La société garde généralement un intérêt dans les filiales cédées. Les liens sont de diverses natures. Pathé investit par ailleurs dans la fabrication de pellicule à l’étranger, en Allemagne avec Glanzfilm, en Italie, avec la FILM ou aux Etats-Unis, avec Dupont de Nemours. En 1927, la firme s’allie en France avec son concurrent Kodak pour créer Kodak-Pathé. Mais l’associé américain est majoritaire et Pathé se concentre sur le tirage des copies à Joinville.
Parallèlement à sa politique de restructuration, Charles Pathé s’engage dans le développement des appareils de projection de formats réduits, le Pathé-Baby (sur film 9,5 mm) et le Pathé-Rural (sur film 17,5 mm), deux innovations techniques promises à un bel avenir. Lancé pour Noël 1922 à grand renfort de publicité, le Pathé-Baby, accessible au plus grand nombre, de petite taille et simple d’utilisation, permet au cinéma d’entrer dans les foyers. Le Pathé-Rural, lancé en 1927 avec le slogan « le cinéma partout et pour tous », est quant à lui un projecteur destiné à la petite exploitation qui permet de créer un réseau de salles dans les campagnes françaises.
Durant toutes les années 1920, la production cinématographique est dominée par les réalisations de prestige que Pathé Consortium Cinéma produit ou commande à la société des Cinéromans. Sa première production, Les Trois Mousquetaires (Henri Diamant-Berger, 1921), en douze chapitres, suscite l’engouement du public. Suivent Rouletabille chez les bohémiens (Henri Fescourt, 1922), Vingt ans après (Henri Diamant-Berger, 1922), Tao (Gaston Ravel, 1923), Vidocq (Jean Kemm, 1923), Mandrin (Henri Fescourt, 1924), Jean Chouan (Luitz-Morat, 1926), Belphégor (Henri Desfontaines, 1927).
De la production de la fin des années 1910 et des années 1920 émergent des auteurs comme Abel Gance (J’accuse, 1919, La Roue, 1923), Germaine Dulac (Gosette, 1923), ou encore Jean Epstein (Cœur Fidèle, 1923, La Belle Nivernaise, 1924
L’arrivée de Bernard Natan à la tête de Pathé Cinéma inaugure une période d’activité intense pour la société, qui retrouve sa place dans toutes les branches de l’industrie cinématographique. Le parc de salles est considérablement renforcé par l’intégration de circuits français et belges et par la construction de salles prestigieuses comme le Louxor, le Marignan ou le Marivaux.
Surtout, la production des films reprend, tandis que de nouveaux studios sont aménagés : entre ceux que Natan possède rue Francoeur, ceux qu’il rachète à la société Cinéromans ou qu’il fait construire à Joinville, ce sont au total neuf plateaux modernes, insonorisés et dotés d’ateliers performants pour les décors et les costumes qui accueillent les tournages. A Joinville comme rue Francoeur, certaines productions sont tournées simultanément dans plusieurs langues, puisque les films sont désormais parlants. Natan acquiert d’ailleurs à cet effet le procédé de sonorisation de la RKO, dont il devient le distributeur en France. Les brevets Baird de télévision ou ceux du professeur Chrétien (l’hypergonar, dont s’inspirera plus tard le Cinémascope) sont également acquis par Pathé.
Entre 1929 et 1935, l’activité de production est soutenue, avec une soixantaine de films parmi lesquels Accusée, levez-vous ! (Maurice Tourneur, 1930), L’Arlésienne (Jacques de Baroncelli, 1930), Les Croix de bois (Raymond Bernard, 1932), Les Deux orphelines (Maurice Tourneur, 1933), Ces Messieurs de la santé (Pière Colombier, 1933), Les Misérables (Raymond Bernard, 1934), Amok (Fédor Ozep, 1934), Tartarin de Tarascon (1934), Le Dernier Milliardaire (René Clair, 1934), L’Equipage (Anatole Litvak, 1935) ; L’Aventurier (Marcel L’Herbier, 1934)…
Acteurs, techniciens et réalisateurs sont engagés pour plusieurs films et tournent donc très régulièrement pour la société. Il s’agit par exemple des acteurs de Gabriel Gabrio, Marie Glory, Gaby Morlay, Elvire Popesco, Raimu, Renée Saint-Cyr et de Charles Vanel. C’est dans les studios de Joinville que Jean Gabin fait ses débuts.
Cependant, la crise économique qui touche la France à partir de 1932 a de lourdes répercussions sur l’industrie du cinéma. Victime de ses investissements trop lourds et trop rapides, Pathé, incapable d’enrayer la régression de son chiffre d’affaires et la chute du cours de ses actions, est déclarée en faillite en 1936. Les deux procès pour détournement de fonds et abus de confiance qui auront lieu en 1939 et 1941 à l’encontre des dirigeants de la société auront un fort retentissement, accentué par une violente campagne antisémite orchestrée contre Bernard Natan. Déchu de sa nationalité française, il mourra à Auschwitz en 1942.
Entre 1936 et 1943, Pathé est placée sous l’administration des syndics Mauger et Coutant. Les actifs de la firme (son enseigne prestigieuse, son catalogue de films, ses biens immobiliers, ses droits acquis dans la production et la distribution) permettent finalement son sauvetage, organisé par la Société Centrale de Cinématographie, sous l’autorité d’Adrien Remaugé, et sa renaissance en 1943 sous le nom de Société Nouvelle Pathé Cinéma.
La production, stoppée, reprend en juin 1941 à Francoeur avec Romance de Paris (Jean Boyer). Mais l’Occupation rend les tournages difficiles du fait de l’exode, des mesures prises contres les Juifs, des départs pour le STO et du rationnement de pellicule. C’est toutefois à cette période que Pathé reprend en 1943 la production du film tourné sous la houlette du tandem Prévert-Carné, Les Enfants du paradis. Ce sera le grand succès de 1945.
Après la guerre, la Société Nouvelle Pathé Cinéma produit un grand nombre de films populaires. Des réalisateurs comme Julien Duvivier, Marcel Carné, André Hunebelle, Bernard Borderie ou Pierre-Gaspard Huit sont engagés pour mettre en scène les acteurs plébiscités par le public : Eddie Constantine et son personnage récurent de l’agent américain Lemmy Caution (Bernard Borderie : La Môme Vert-de-Gris, 1953, Les Femmes s’en balancent, 1954, Les Dames préfèrent le mambo, 1958), Jean Gabin (Voici les temps des assassins, Julien Duvivier, 1956) et Michel Simon (Monsieur Taxi, André Hunebelle, 1952), mais aussi Bernard Blier, Martine Carol, Darry Cowl, Danièle Delorme, Louis de Funès, Jean Marais ...
Pathé se lance dans une politique de coproduction avec des sociétés étrangères, principalement italiennes. Toutes les sociétés cinématographiques françaises de l’époque pratiquent de la même manière. Entre 1946 et 1960, 48 des 57 films produits par Pathé sont des coproductions. Si la première expérience avec la RKO américaine tourne court (le seul film issu de cette union est Le Silence est d’or, réalisé en 1947 par René Clair), l’association avec des sociétés de production étrangères, comme la Titanus en Italie ou la DEFA en Allemagne, s’avère fructueuse. Elle permet à Pathé de remporter deux Palmes d’or à Cannes, la première avec La Dolce Vita (Federico Fellini, 1960), la seconde avec Le Guépard (Luchino Visconti, 1963).
Cette politique offre également à Pathé l’occasion de collaborer à des réalisations marquantes comme Les sorcières de Salem (Raymond Rouleau, 1957), qui met en scène le couple Montand-Signoret, ou encore La Femme et le pantin (Julien Duvivier, 1959), second film de Brigitte Bardot avec Pathé après La Mariée est trop belle (Pierre Gaspard-Huit, 1956).
Enfin, la coproduction permet de faire entrer au catalogue des réalisateurs prestigieux : Frederico Fellini, Luchino Visconti, Nicholas Ray, Sergio Leone, Luigi Comencini...
En 1947 a été créée par Pathé et Gaumont la Société française de studios cinématographiques, qui devient Franstudio et réunit dans une gestion unique les studios de la rue Francoeur, de Joinville, de Saint-Maurice et des Buttes-Chaumont ainsi que les laboratoires des deux firmes (GTC). Même si l’essor des tournages en extérieur freine le succès des nouveaux studios, 25 % des films français y sont cependant tournés chaque année.
Grâce à ses ateliers de recherche et de montage, Pathé, avec la Société Commerciale et Industrielle Pathé (SCIP, anciennement Société française de Pathé-Baby), reste un des leaders du cinéma d’amateur. Des modèles comme la caméra Pathé Webo sont adoptés par les professionnels.
Quant au Pathé-Journal, il continue à enrichir une cinémathèque qui, avec un million de mètres de films édités, représentera une des plus importantes mémoires audiovisuellesdu XXème siècle.
A partir du milieu des années 60, Pathé abandonne peu à peu la production de cinéma. Sous la direction de Pierre Cabaud, arrivé à la tête de la maison en 1966, puis de Pierre Vercel, qui lui succède en 1969, le groupe choisit de se concentrer sur l’exploitation des salles, la distribution de films et la production de films de fiction et de documentaires pour la télévision.
Pour enrayer la baisse de fréquentation des salles de cinéma due notamment à la concurrence de la télévision, Pathé modernise son parc d’exploitation, vend les petites salles de quartier et dédouble les très grandes salles devenues inadaptées (Pathé Marignan, Pathé Wepler, Pathé Palace de Lyon). Il multiplie ainsi le nombre d’écrans, mettant en place les premiers complexes en France. Il possède dix-huit cinémas à Paris, vingt-cinq en Province et des salles en Belgique et aux Etats-Unis.
Au début des années 1980, le GIE Pathé-Gaumont est le premier consortium de programmation en France avec plus de 700 salles. A la suite de la loi Lang contre les trusts, Pathé se sépare de Gaumont en 1983 et s’associe avec Edeline Indépendants : avec plus de 400 salles, les nouveaux associés se retrouvent à la tête du plus grand nombre d’écrans en France, devant UGC et Gaumont.
Pathé délaisse la production cinématographique et arrête également l’activité de location des studios (ceux de Franstudio ferment en 1971) mais investit en revanche la production télévisuelle. Dès les années 1960, les feuilletons réalisés par sa branche télévision font les belles heures de l’ORTF : Le Chevalier de Maison-Rouge (Claude Barma, 1963), Belphégor (Claude Barma, 1965), Arsène Lupin (Jean-Pierre Decourt, 1969-1970), Nana (Maurice Cazeneuve, 1981). A côté des films et des séries de fictions, les documentaires enrichissent le catalogue de la maison : Le Petit cirque de Calder (Carlo Villardebo, 1961), Les Grandes batailles (Henri de Turenne et Daniel Costelle, 1973), C’était hier (Henri de Turenne et Daniel Costelle, 1973), L’Aventure de l’art moderne (Carlo Villardebo, 1978-1980). Jusqu’en 1981, les opérateurs du Pathé-Journal et des magazines filmés enrichissent une cinémathèque qui, avec un million de mètres de films édités, représentera une des plus importantes mémoires audiovisuelles du XXe siècle.
En 1988-89, la société traverse une période difficile. Cotée en bourse, elle a pour actionnaire principal le groupe Rivaud depuis 1966. Celui-ci, en septembre 1988, cède 52 % de ses parts à une société suisse, la SASEA, spécialisée dans la reprise de sociétés en difficulté et associée à l’homme d’affaires italien Giancarlo Parretti. Ce dernier, qui devient alors vice-président de Pathé, mène une politique apparemment ambitieuse (rapprochement avec la société britannique Cannon, projet d’un réseau de distribution pan-européen, création d’une société américaine Pathé Communication).
Mais la cession des parts du groupe Rivaud à Parretti donne lieu à un débat juridique, politique et médiatique : des doutes existant sur l’origine des capitaux qui ont permis le rachat, le gouvernement français tente de bloquer la prise de contrôle du groupe en faisant jouer le droit dont il dispose de bloquer des investissements étrangers d’origine non communautaire.
Soutenus par l’ensemble de la profession, qui craint un démantèlement de Pathé et sa transformation en structure d’acquisition et de commercialisation des films américains, les pouvoirs publics prononcent le classement des Actualités Pathé, ce qui interdit leur transfert à l’étranger. La bataille juridique qui oppose Giancarlo Parretti à l’Etat français se poursuit, tandis que de nouveaux candidats au rachat se présentent.
A/ 1990 - 1996
Pathé Cinéma est repris par Chargeurs le 1er août 1990. Chargeurs, société cotée, dirigée et contrôlée par Jérôme Seydoux, est, à l’époque, à la tête d’un groupe industriel diversifié ; mais cet actionnaire présente l’intérêt pour Pathé Cinéma d’avoir mis, depuis plusieurs années, la communication et les métiers de l’image parmi ses axes de développement prioritaires.
Le nouvel actionnaire de Pathé Cinéma est déjà, en 1990, un acteur qui compte dans le cinéma et dans la télévision.
Dans le domaine du cinéma, Chargeurs détient, depuis avril 1987, 50 % de Renn Productions, un des principaux producteurs français de films de cinéma, fondé et animé par Claude Berri. Renn Productions sort, pour ne citer que quelques exemples, en 1988 L’Ours de Jean-Jacques Annaud, en 1989 Valmont de Milos Forman, en 1990 Uranus de Claude Berri. Depuis 1987 également, Chargeurs est actif, au travers de Pricel, en matière d’acquisition, pour la France, de droits sur des films étrangers. En 1988, Renn Productions intègre la distribution en salle en acquérant la totalité du capital d’AMLF (Agence Méditerranéenne de Location de Films), une des principales sociétés françaises de distribution de films, dont Renn Productions n’était auparavant qu’actionnaire minoritaire à hauteur de 17 %. Chargeurs est également présent dans le secteur de la vidéo, avec la société Leucippe, dont il détient 50 % du capital à la fin des années 1980. Il est à l’initiative, en août 1990, de la création, avec Canal+ et l’ARP, des Nouvelles Messageries de Video (NMV), distributeur de cassettes.
Dans le domaine de la télévision, Chargeurs est à l’origine, dès 1985, de la première télévision privée commerciale et gratuite en France. Le groupe a, en effet, participé à La Cinq comme associé majoritaire (détenant 52 % de la Société d’Etudes et de Participations dans la Communication, holding contrôlant 60 % de France 5, société opérationnelle de La Cinq, le solde du capital étant détenu par l’italien Fininvest). Lancée le 20 février 1986, La Cinq a rapidement connu le succès : sa part de marché sur sa zone de diffusion a atteint 20 % après moins d’un an d’exploitation. Mais sa concession a été prématurément résiliée par le Gouvernement par décrets du 30 juillet 1986 et du 2 février 1987 avec effet au 28 février 1987.
En juillet 1987, Chargeurs a également fondé, avec notamment Pearson et Granada, le premier bouquet de télévision payante par satellite d’Europe, British Satellite Broadcasting (BSB), dont Chargeurs détient 21,8 % au départ. Lancé en mars 1990, BSB fusionne le 3 novembre 1990, avec son concurrent Sky TV, (dont Rupert Murdoch est l’initiateur), pour former BSkyB dont Chargeurs détient 17,5 % et qui, sitôt la fusion des programmes effective en avril 1991, connaît un grand succès commercial.
C’est à cet ensemble que Pathé est adossé à compter de 1990.
Dans le domaine de l’exploitation, après une rationalisation opérée en janvier 1992 grâce à un échange de salles avec Gaumont à Paris et dans sept villes de province, le développement est double.
Il résulte d’abord de l’innovation : avec l’ouverture au premier semestre 1993 du multiplexe (12 écrans) de Toulon, le Pathé Grand Ciel (à La Garde) – première réalisation de ce genre en France – Pathé inaugure un nouveau type d’exploitation de salles de cinéma, offrant plus de films et de services aux spectateurs. Le Pathé Belle-Epine de Thiais, multiplexe de 12 écrans également, est ouvert peu après au cours de la même année 1993, qui marque ainsi à la fois le début de la modernisation des salles de cinéma française et de la reprise de leur fréquentation. L’effort est poursuivi par la suite : ainsi, par exemple, la rénovation du Pathé Wepler à Paris, place Clichy, est opérée en 1994.
L’essor du circuit est également recherché à l’étranger, aux Pays-Bas. En mai 1993, Chargeurs conclut avec Morgan Creek et Warner Bros un accord de partenariat pour y construire des multiplexes. Le premier réalisé dans le cadre de ce partenariat ouvre en avril 1995 à Scheveningen, près de La Haye. En juin 1995, Chargeurs parvient à acquérir l’ensemble du circuit de salles de cinéma néerlandais de la MGM (21 cinémas comptant 69 écrans) qui passe sous l’enseigne Pathé. Les mêmes efforts qu’en France sont entrepris aux Pays-Bas pour créer des cinémas modernes avec, par exemple, l’ouverture, dès 1996, d’un multiplexe Pathé dans le centre de Rotterdam.
L’effort de production de films est maintenu. On peut citer L’Amant de Jean-Jacques Annaud (sorti en janvier 1992), Germinal de Claude Berri (sorti en 1993), Showgirls de Paul Verhoeven (sorti en septembre 1995), Gazon Maudit de Josiane Balasko (sorti en février 1995), Les Trois Frères de Bernard Campan et Didier Bourdon (sorti en décembre 1995). Une participation est prise, en 1991, chez le producteur de films américains Allied Filmmakers, qui coproduit notamment James and The Giant Peach (sorti en avril 1996).
AMLF renforce sa capacité de distribution en vidéo en fondant, avec Canal+ et Fox, PFC Video en juillet 1993. Parallèlement, Pricel et Allied Filmmakers se spécialisent dans la distribution de films étrangers, dont certains emblématiques comme : Danse avec les loups (Kevin Costner, 1990), La cité de la joie (Roland Joffe, 1992), Le dernier des mohicans (Michael Mann, 1992), Malcolm X (Spike Lee, 1992), Et au milieu coule une rivière (Robert Redford, 1992), Guet-Apens (Roger Donaldson, 1994), The Mask (Charles Russel, 1994), Rapa Nui (Kevin Reynolds, 1994), Chicken run (Peter Lord et Nick Park, 2000).
Chargeurs prend pied au Royaume-Uni en faisant l’acquisition, en 1992, de Guild Entertainment, société de distribution de films de cinéma en salle et en vidéo et en créant Chargeurs Production Ltd qui coproduit en 1995 son premier film (The Woodlanders de Phil Agland).
La relance du développement est conduite de pair avec la mise en valeur du patrimoine de Pathé : un nouveau centre d’archives est construit à Saint-Ouen et ouvert en août 1993 pour assurer dans les meilleures conditions la conservation et l’exploitation du fonds de Pathé. Pathé contribue, pour le centenaire du cinéma, à l’organisation d’une exposition sur Pathé, premier empire du cinéma qui est présentée au Centre Georges Pompidou du 26 octobre 1994 au 6 mars 1995.
Au sein de Pathé, Pathé Télévision produit des séries et documentaires pour la télévision et tente des développements dans les jeux interactifs et le multimédia au travers notamment d’un partenariat avec Philips et d’une participation dans Infogrames (cédée en juillet 1995).
Mais c’est dans le secteur naissant des bouquets payants, diffusés par satellite, que Chargeurs affirme sa présence en télévision : au Royaume-Uni, le succès de BSkyB s’accroît encore avec l’acquisition des droits de la Champion’s League et la multiplication des chaînes ; en France, Chargeurs participe, avec une participation de 20 % du capital, à la création de CanalSatellite, aux côtés de Canal+, en 1993, puis à la conversion au numérique, dès 1996, de ce bouquet.
B/ 1996 - 1999
La décision est prise par les actionnaires de Chargeurs, en juin 1996, d’opérer une scission de la société entre deux entités, cotées l’une et l’autre, dont l’une reprend le nom de Pathé et tous les actifs antérieurement détenus par Chargeurs dans la communication.
Pathé, qui, depuis des décennies, n’était plus qu’un élément parmi d’autres au sein de groupes diversifiés, recouvre sa pleine indépendance.
La nouvelle société Pathé a un champ d’activité et des moyens renforcés du fait qu’elle est pleinement propriétaire des activités constituées auparavant par Chargeurs dans le domaine de la communication : pôle de production et de distribution de films en France autour de Renn Productions (détenue à 100 % depuis janvier 1996) et d’AMLF, au Royaume-Uni avec Guild, circuit de salles néerlandais, participations dans BSkyB – dont le président de Pathé, Jérôme Seydoux, devient président du conseil d’administration en mai 1998 – et dans CanalSatellite. Pathé reprend également la participation antérieurement détenue par Chargeurs dans Libération.
La valeur désormais importante acquise par la participation détenue par Pathé dans BSkyB, dont le nombre d’abonnés (6 millions fin 1996) traduit l’éclatant succès et dont les titres sont cotés depuis décembre 1994, donne à la société des moyens financiers qui lui permettent d’envisager une politique ambitieuse de développement.
En 1998, Pathé demande à Margaret Youngblood (Landor Associates) de proposer une nouvelle identité visuelle de la société. Basée sur des valeurs d’indépendance, d’innovation et d’intégrité, la nouvelle identité de Pathé se compose du coq Charlie et d’une charte graphique conférant une image de marque dynamique et moderne conforme au nouvel essor de la société.
Pathé diversifie et accroît le volume de ses interventions dans la production de films avec notamment Didier d’Alain Chabat (sorti en janvier 1997), Lucie Aubrac de Claude Berri (sorti en février 1997), Lolita d’Adrian Lyne (sorti en 1997), Astérix et Obélix contre César de Claude Zidi (sorti en février 1999), Tout sur ma mère de Pedro Almodovar (sorti en 1999). En France, un partenariat est noué en mars 1999 avec le producteur Philippe Carcassonne (Augustin, roi du kung-fu de Anne Fontaine en 1999). Pathé s’engage dans la production de films britanniques et acquiert au Royaume-Uni une place de premier rang parmi les indépendants en étant sélectionné en juin 1997 entre 40 candidats, pour être un des 3 bénéficiaires de la Franchise britannique et bénéficier à ce titre de l’appui du Film Council comme co-investisseur.
Pathé monte avec Canal+, en 1997, un partenariat pour l’acquisition en commun de films étrangers, particulièrement américains, au sein d’une structure commune constituée entre les deux sociétés, C+P, qui acquiert des films, comme Chicken Run et Mission to Mars, et conclut un output deal avec Mandalay ; parallèlement, Pathé accompagne Canal+ au sein de Bel Air, joint-venture constituée avec Warner.
Pathé et StudioCanal projettent de constituer ensemble un réseau de distribution de films, présent sur les principaux territoires européens.
Pathé poursuit à un rythme soutenu ses investissements dans les salles de cinéma en ouvrant de nouveaux multiplexes (Avignon Cap Sud, février 1995 ; Pathé Lyon, mars 1996 ; CinéTours en 1996 ; Pathé Atlantis à Nantes-Saint-Herblain, août 1996 ; Echirolles, juin 1997 ; Plan-de-Campagne, juillet 1997 ; Brumath, mai 1999 ; Liévin, décembre 1999).
Par ailleurs, Pathé entreprend de constituer, dans le prolongement de la position acquise chez le premier distributeur français, CanalSatellite, un pôle de chaînes du câble et du satellite avec l’acquisition, en mai 1997, de Voyage, la création, en novembre 1997, de Comédie ! aux côtés de Canal+ et le lancement, fin 1998, de Pathé Sport.
A la faveur d’une décote du titre, Vincent Bolloré acquiert 19,6 % du capital de Pathé sur le marché en décembre 1998. TF1 ayant acquis à son tour 9 % du capital de Pathé en bourse au début du mois de janvier 1999, Vivendi et sa filiale Canal+ rachètent à Vincent Bolloré sa participation, le 24 janvier 1999, dans la crainte de voir TF1, actionnaire de TPS, bouquet concurrent de CanalSatellite, prendre le contrôle de Pathé. Vivendi et Canal+, formant ensemble un concert, détiennent au total, à compter de cette date, avec les actions qu’ils ont acquises par ailleurs sur le marché, 29,9 % du capital de Pathé.
Pour préserver l’indépendance de Pathé, Jérôme Seydoux décide d’acquérir 100 % de la société et de la sortir de la cote, Vivendi consentant à l’opération moyennant la reprise des participations minoritaires auparavant détenues par Pathé dans BSkyB et dans CanalSatellite.
A l’issue de cette réorganisation, Pathé, désormais affranchie des contraintes du marché boursier, est devenue une société véritablement opérationnelle, qui contrôle la quasi-totalité des sociétés dans lesquelles elle est présente et n’a plus de participations minoritaires significatives. Mais les actifs de la société et ses moyens financiers se sont en même temps substantiellement réduits.
Repris par Jérôme Seydoux depuis la fin de l’année 1999, Pathé va développer ce qui a été, pendant des décennies, son métier principal, le cinéma. La production de films, la distribution, l’achat de droits, l’exploitation connaissent un fort développement.
Au cours de la décennie, Pathé devient le premier exploitant de salles de cinéma en France et en Europe. En France, les salles de cinéma Pathé et Gaumont sont réunies en 2001 en un circuit unique, détenu par la société EuroPalaces, dont Pathé détient 66% et assure la direction. EuroPalaces, qui en 2010 prend le nom Les Cinémas Gaumont Pathé, engage une importante vague de constructions de nouveaux multiplexes en France : à Montataire, Conflans-Sainte-Honorine, Ivry-sur-Seine, Bordeaux, Melun-Sénart, Orléans, Toulouse, Toulon, Valence, Amiens, Lyon, Rennes, Dammarie-lès-Lys et mène également, pendant toute la décennie, une politique de rénovation, d’agrandissement et de modernisation de ses sites. Il fait appel à des architectes de renom : Christian de Portzamparc en France, Renzo Piano en Italie, Daniel Liebeskind en Suisse par exemple. L’ouverture du Pathé Vaise en 2008 marque la volonté de Pathé de développer ses équipements en numérique, l’ensemble du parc étant équipé en 2012. Aux Pays-Bas, où il compte aujourd’hui 22 cinémas, le groupe a ouvert plusieurs multiplexes : notammant à Amsterdam (Pathé Arena, Pathé De Munt), à Haarlem, à la Haye (Pathé Spuimarkt, Pathé Buitenhof, Pathé Scheveningen), à Rotterdam (Pathé De Kuip, Pathé Schouwburgplein) et à Eindhoven (Pathé Eindhoven, Pathé Helmond). A partir de 2001, Pathé se développe dans de nouveaux pays: en Italie, circuit finalement cédé en 2010, et en Suisse, où il exploite 10 cinémas en 2011 (à Genève, puis Zurich, Bâle et Lausanne, Küchlin et Berne). Plusieurs cinémas sont par ailleurs acquis, notamment Village Roadshow en 2001 (France), Europlex en 2005 (Suisse), Rytmann en 2009 (France), Minerva en 2010 (Pays-Bas). Fin 2011, le circuit est fort de 104 cinémas et de 969 écrans, à comparer aux 130 écrans de 1990. Il contribue ainsi, grâce aux multiplexes, au développement considérable de la fréquentation des salles, qui passe chez les cinémas Gaumont de 10 millions d’entrées annuelles en 1990, à près de 70 millions en 2011. En août 2000, Pathé lance la carte Ciné à volonté au Pathé Atlantis à Nantes, rebaptisée Le Pass, avant de l’étendre au territoire français et d’en décliner la formule aux Pays Bas et en Suisse. Les cinémas proposent toujours plus de confort au spectateur grâce à la mise en place de bornes interactives (2006), la réservation par internet, le e-billet (2011), des applications internet sur les mobiles, ainsi qu’un accès wifi. Les cinq salles Imax françaises (dont 4 ouvertes en 2010) et les trois salles en Hollande participent également à cette offre. En octobre 2008, EuroPalaces prend le contrôle de CielEcran, rebaptisé Pathé Live, spécialisé dans la retransmission de spectacles et d’évènements. Les cinémas proposent ceux du Metropolitan Opera, les Ballets du Bolchoï, les Ballets de l’Opéra National de Paris, de la Comédie-Française et des concerts. Aujourd'hui, ce sont plus de 200 cinémas en France et 1600 à l'international qui retransmettent ces évènements.
Dans le domaine de la production de films, le nombre de titres produits chaque année en France et au Royaume Uni (10 en 2012 et 21 en 2013) donne à Pathé une place de premier plan en Europe. Pathé s'intéresse aussi bien aux œuvres de talents confirmés qu'à des premiers films. En 2008, Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon bat tous les records de films français avec 20,4 millions d’entrées. Au cours de ces années, de nombreux films produits ou distribués par Pathé ont été nominés et distingués, que ce soit au festival de Cannes, au Bafta de Londres, à la mostra de Venise et aux Oscars d’Hollywood où Slumdog Millionaire de Danny Boyle, a remporté en 2009 huit Oscars dont celui du « Meilleur film »). Parmi les titres marquants, se retrouvent : Chicken Run des Studios Aardman (2000), Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2002), Lost in Translation (Sofia Coppola, 2003), Les Choristes (Christophe Barratier, 2004), Deux Frères (Jean-Jacques Annaud, 2004), Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005), The Queen (Stephen Fears, 2006), Volver (Pedro Almodovar, 2006), Le Scaphandre et le Papillon (Julian Schnabel, 2007), Into the Wild (Sean Penn, 2007), LOL (Lisa Azuelos, 2008), Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009), Tout ce qui brille (Géraldine Nakache et Hervé Mimran, 2009), Océans (Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, 2009), Rien à déclarer (Dany Boon, 2010), L’Illusionniste (Sylvain Chomet, 2010), The Ghost Writer (Roman Polanski, 2010), Et maintenant on va où ? (Nadine Labaki, 2011), The Iron Lady (Phyllida Lloyd, 2012), Sur la piste du Marsupilami (Alain Chabat, 2012). En parallèle, Pathé s’efforce de devenir un éditeur de chaînes de télévision. Il prend, en décembre 1999, le contrôle de Comédie !, lance, en avril 2001, Cuisine.tv et acquiert, en 2002, 80 % du capital de Télé-Monte-Carlo (TMC), au moment où l’apparition de la télévision numérique terrestre ouvre à cette chaîne la perspective d’un développement national en clair. Malgré le rapide redressement en termes d’audience, opéré en deux ans par les équipes de Pathé chez TMC, la taille du pole télévision insuffisante et le retard subi par le lancement du numérique terrestre conduisent Pathé à céder sa branche télévision au cours de l’année 2004.
En 2003, Pathé s’allie à Gaumont pour constituer la société Gaumont Pathé Archives, détenue par Pathé à hauteur de 42,5 %. Cette société rassemble sur le site de Saint-Ouen les fonds d’actualité des deux groupes et en assure l’exploitation. En 2021, Gaumont Pathé Archives devient GP Archives.
Créée le 9 mai 2006, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé regroupe l’ensemble des collections non-film de Pathé depuis sa création en 1896. Elle est la seule fondation reconnue d’utilité publique dédiée au cinéma. Elle œuvre à la conservation et à la mise à disposition du public du patrimoine historique de Pathé. Son fonds d’archives regroupe plusieurs collections comprenant un riche ensemble de matériel iconographique et publicitaire, des documents imprimés, des appareils et des accessoires cinématographiques, des objets, une bibliothèque d’ouvrages et de périodiques, ainsi que les archives administratives et juridique de Pathé depuis sa création. En 2014 la Fondation s’installe au 73 avenue des Gobelins à Paris, dans un édifice conçu par Renzo Piano. Outre son activité de conservation, elle y propose des expositions et des projections de films muets.
Depuis 2010, Pathé valorise son patrimoine en restaurant des films emblématiques de son catalogue tels que Boudu sauvé des eaux (Jean Renoir, 1932), Les Misérables (Raymond Bernard, 1934), Justin de Marseille (Maurice Tourneur, 1935), Les Enfants du Paradis (Marcel Carné, 1945), Tess (Roman Polanski, 1979). Un plan pluriannuel de restauration d’une centaine de films est lancé en 2012.