La séance est présentée par Anne-Marie Baron et sera suivie d'un débat.

Ferragus

1923 (1h36)

France

D’après le roman éponyme d’Honoré de Balzac (1833)

Réalisation : Gaston Ravel

Production : Films René Navarre

Interprètes : Lucien Dalsace, Elmire Vautier, René Navarre

Dans le Paris des années 1820, madame Desmarets est une femme comblée par un mari riche et aimant. Dans l'ombre, un certain Ferragus, à la tête d'une puissante société secrète, veille sur elle.

« L'adaptation de ce premier volet d'Histoire des Treize se distingue par une mise en scène centrée sur la société secrète des Treize et par une distribution de qualité dominée par le grand René Navarre dans le rôle de l'ancien forçat devenu père sublime. »

Le film est projeté en 35MM, copie en provenance du Centre National du Cinéma.

Le roman de Balzac Ferragus est le premier volet d'une trilogie intitulée Histoire des Treize – dont les 2 autres sont La Duchesse de Langeais et La Fille aux yeux d'or – centrée sur l'idée romanesque par excellence de la société secrète des Treize, qui permet, avant Le Père Goriot, la première tentative balzacienne de retour des personnages d'un roman à l'autre. Les adaptations muettes d’Histoire des Treize sont légion. On en compte 5 autres de Ferragus entre 1910 et 1923, 2 en France : André Calmettes et Henri Andréani, 3 en Italie : Carmine Gallone, Enrico Vidali et Mario Guaita Ausonia.

 Gaston Ravel (1918-1958), scénariste au Film d’Art, réalisateur chez Gaumont en 1912, a réalisé plusieurs films en Italie, et s’est spécialisé dans les adaptations et les reconstitutions historiques avec son inséparable Tony Lekain : Musset en 1924 (On ne badine pas avec l'amour), Beaumarchais en 1929 (Figaro), Molière en 1932 (Monsieur de Pourceaugnac). Sur le plan historique, on lui doit entre autres une Madame Récamier avec Marie Bell sur un scénario d’Edouard Herriot en 1929 et Le Collier de la reine, son dernier succès.

Les interprètes de Ferragus sont Elmire Vautier (1897-1954), une des stars les plus en vue du cinéma français des années 20, qui sera abonnée aux adaptations de Balzac puisqu’elle jouera en 36 le rôle de madame Mercadet dans Le Faiseur d’André Hugon avec Paul Pauley et Janine Borelli, et en 42 un petit rôle dans La Duchesse de Langeais de Baroncelli. Stewart Rome (1886-1965), le plus célèbre, internationalement parlant, des acteurs du film est le typique « Matinee Idol », qui tourne sans arrêt entre 1913 et 1950. Lucien Dalsace, excellent dans le rôle d’Auguste de Maulaincour, l’amant jaloux, a participé à 31 films entre 1921 et 1942. Quant au grand René Navarre (1877-1968), Louis Feuillade lui a fait interpréter un mari jaloux dans Erreur tragique (1913) et c’est une vedette depuis les Fantômas (1913-1914). Réformé après 2 ans de guerre et une opération en 1916, il crée sa marque de films en jouant lui-même dans quelques uns, dont La Nouvelle Aurore d’Edouard-Emile Violet en 1919 d’après Gaston Leroux. Devenu directeur artistique de la société des Ciné-romans, on ne le revoit pas à l’écran avant Vidocq et Ferragus en 1923, deux films éminemment balzaciens, dont il est à la fois producteur et acteur.

Anne-Marie Baron