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Séance spéciale

SÉANCE-SIGNATURE " Ma l'amore mio non muore", Mario Caserini, 1913 (1h20)

La séance est présentée par Céline Gailleurd*, et suivie de la signature au Studio de son ouvrage Le Cinéma muet italien à la croisée des arts (éd. Artec et Les Presses du réel, 2022).

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Ma l'amore mio non muore

1913 - 1h20

Italie


Réalisation : Mario Caserini

Scénario : Emiliano Bonetti et Giovanni Monleone

Photographie : Angelo Scalenghe

Production : Film Artistica Gloria

Avec : Lyda Borelli, Mario Bonnard, Camillo De Riso, Maria Caserini, Gianpaolo Rosmino

Au Grand-Duché de Wallenstein vit la belle Elsa Holbein, fille du chef d'état-major, le colonel Julius Holbein, qui se tue lorsqu'elle est faussement accusée de trahison. Exilée sur la Côte d'Azur, elle devient chanteuse et pianiste et tombe sous le charme du prince Maximilien, héritier du grand-duc, qui ignore sa véritable identité.


Restauré en 2013 au laboratoire L'Immagine Ritrovata


Format de la copie : DCP

Provenance de la copie : Cineteca di Bologna


Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).



Antonio Gramsci voyait dans le jeu de la diva Lyda Borelli l’invention d’une nouvelle gestualité dont l’expressivité marquait l’apparition d’un cinéma, reposant entièrement sur le corps des femmes : « In principio era il sesso [1]» écrivait-il alors. Louis Delluc, quelques années plus tard, déclarait à propos des actrices italiennes « La chair est photogénique. Les Italiens l’ont compris avant tout autres » Avec l’arrivée des films de dive qui se développent en Italie à partir de 1913, les acteurs – et actrices surtout – s’élèvent progressivement au rang de stars. Ma l’amor mio non muore (Mais mon amour ne meurt pas! , Mario Caserini, 1913), s’impose comme l’un des titres les plus célèbres de ce nouveau genre cinématographique : le mélodrame. Il lance le coup d’envoi. Lyda Borelli y interprète une chanteuse lyrique follement amoureuse d’un Prince qu’elle ne peut épouser parce qu’elle est une artiste et lui un homme de l’aristocratie. A la fin du film, alors qu’elle interprète sur scène La Dame aux Camélias devant l’homme qu’elle aime, enfin venu la retrouver et qui la regarde depuis les loges, elle absorbe du poison. Les fils qui dirigeaient ses mouvements semblent s’être cassés : comme une marionnette, elle s’écroule sur « les planches poussiéreuses du monde[2] », et meurt dans cette posture d’offrande, en assurant au Prince Massimiliano de son amour éternel : « Mon amour à moi ne meurt pas ! ».

Ma l’amor mio non muore muore est exemplaire de la manière dont le cinéma muet italien entretiendra, sur plusieurs décennies, un dialogue constant avec les autres arts et puisera son essence dans les œuvres les plus en vogue de la peinture, des arts décoratifs, de la littérature, du théâtre et de l’opéra des XIXe et XXe siècles. Ainsi, l’ouvrage dirigé par Céline Gailleurd Le cinéma muet italien à la croisée des arts (ArTeC - Éditions les presses du réel, 2022) traduit en italien sous le titre L'oro di Atlantide. Il cinema muto italiano e le arti (Edizioni Kaplan), plonge au cœur de ce qui fonde l’esthétique du cinéma muet italien dans le rapport intrinsèque qu’il entretient avec les autres arts. Danse, théâtre, opéra, littérature, arts figuratifs : le cinéma s’invente aussi bien à partir des grandes œuvres classiques que celles les plus en vogue circulant à travers des médias alors en pleine expansion. Des premières vues documentaires, immortalisant les paysages et monuments italiens, aux péplums monumentaux, en passant par les mélodrames qui révélèrent les premières stars, ou encore les adaptations littéraires de la Film d’Arte Italiana, le cinéma naît avec cette faculté à absorber, revisiter et transformer une multitude de formes et de disciplines artistiques. L’ensemble des textes sont traversés par une forte volonté d’insister sur la portée innovante du septième art dans sa capacité de réemploi.

Céline Gailleurd


[1] A. Gramsci, « In principio era il sesso… » [« Et au début fut le sexe… »], Cronache teatrali dall’« Avanti! », 1916-1920, in A. Gramsci, Letteratura e vita nazionale, Torino, Einaudi, 1950, pp. 271-273.

[2] M. Praz, Goût néoclassique, trad. de l’italien par C. Thompson Pasquali, Paris, le Promeneur, 1989, p. 400.



* Céline Gailleurd est maîtresse de conférences en cinéma à l’Université Paris 8. Elle vient de diriger l’ouvrage Le cinéma muet italien à la croisée des arts (La Grande Collection ArTeC - Éditions les presses du réel, 2022) traduit en italien sous le titre L'oro di Atlantide. Il cinema muto italiano e le arti (Edizioni Kaplan), après avoir codirigé Sergueï Loznitsa, un cinéma à l’épreuve du monde (les Presses Universitaires du Septentrion, 2022). Parallèlement, elle réalise avec Olivier Bohler des essais documentaires qui placent au centre de leur travail la question de l’archive et la mémoire dont Italia, Le Feu, La Cendre (2022), qui a obtenu le Prix Parioli du Meilleur film à la 39e édition du Torino Film Festival. Leur court métrage Harmony (2022), sélectionné à la 20e édition du Prix Unifrance du court-métrage au Festival de Cannes, est lauréat du Prix SoFilm de genre Canal + Grand Est.




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