URSS
Réalisation et scénario : Mikhail Romm
Photographie : Boris Voltchek
Chefs décorateurs : Iossif Chpinel et Piotr Beitner
Production : Moskinokombinat
Avec : Galina Sergueieva, Andrei Fajt, Faina Ranevskaia, Anatoli Goriounov.
En France, au lendemain de la défaite de Sedan, une diligence quitte Rouen, occupé par les troupes allemandes. Issus de milieux sociaux fort différents, les voyageurs sont soumis au regard et au jugement des autres. Parmi eux se trouve une jeune femme, Elisabeth Rousset, surnommée « Boule de suif » dans la maison close où elle exerçait à Rouen.
Inspiré de la nouvelle éponyme de Maupassant, ce film est le premier réalisé par Mikhail Romm (1901-1971), l’auteur du célèbre Fascisme ordinaire. Il est aussi l’un des tout derniers films muets produits en Union soviétique où le passage au parlant s’étira sur une période plus longue qu’en Occident. Mais Boule de suif raconte une autre histoire : celle des collections de la Cinémathèque de Toulouse et des relations exceptionnelles que celle-ci noua avec la grande archive soviétique, le Gosfilmofond. Un an après avoir fondé la Cinémathèque de Toulouse, Raymond Borde choisit d’intégrer la Fédération internationale des archives du film (FIAF) en 1965. Cette ouverture sur le monde offre à la toute jeune archive la perspective d’échanges et d’enrichissements décisifs. Moscou devient, aux côtés de Lausanne et Bruxelles, un complice précieux et généreux, multipliant les envois de films soviétiques importants à Toulouse. Boule de suif est ainsi l’un des fleurons du fonds russe et soviétique initié par Borde.
Film d’un auteur majeur admiré dans son pays mais encore trop méconnu en Occident ; témoignage d’un cinéma muet tardif aux prises avec le régime stalinien qui se met alors en place ; pièce emblématique d’une collection d’envergure qui s’est constituée loin de Paris : décidément Boule de suif appartient bien à « une autre histoire du cinéma ».
Natacha Laurent et Christophe Gauthier