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Cycle

Cinéma muet danois / Carte blanche au Danske Filminstitut

Du  09/10/24  au  05/11/24 

Du skal aere din hustru (Le Maître du Logis, Dreyer, 1925) © Danske Filminstut

 

De 1906 jusque dans les années 1920, le cinéma muet danois représente un âge d’or du cinéma qui a profondément influencé son développement en tant que forme artistique. La période qui précède la Première Guerre mondiale a vu le Danemark devenir un acteur majeur de l’industrie cinématographique mondiale. Le style unique, la profondeur thématique et les innovations techniques des films muets danois ont laissé une trace indélébile dans l’histoire du cinéma et ont permis l’avènement de nombreuses techniques narratives modernes.


L’industrie cinématographique danoise a notamment pris forme grâce à la création, en 1906, de Nordisk Film par Ole Olsen, un excellent entrepreneur aux aspirations internationales. Nordisk Film est rapidement devenue une force dominante, produisant un large éventail de films qui ont remporté un succès international. La période a vu des cinéastes danois expérimenter de nouvelles formes narratives et des styles visuels qui ont distingué leurs oeuvres de celles des autres pays.


L’une des caractéristiques essentielles du cinéma muet danois est l’importance des personnages qui affichent leur naturalisme et leur profondeur psychologique. Contrairement aux performances souvent théâtrales et exagérées du cinéma des premiers temps, les films danois se sont souvent concentrés sur des portraits nuancés et réalistes des émotions et des relations humaines. Cette approche est évidente dans l’oeuvre de réalisateurs comme Carl Theodor Dreyer et Benjamin Christensen, aujourd’hui considérés comme des pionniers du langage cinématographique.


Carl Theodor Dreyer est sans doute la figure la plus influente du cinéma danois. Dans cette programmation, nous montrons son premier long métrage Præsidenten (1919), de même que Blade af Satans Bog (1921), Die Gezeichneten (1922) et Du skal ære din Hustru (1925), ce dernier lui ayant permis d’être invité à Paris pour réaliser La Passion de Jeanne d’Arc (1928). Ses films sont reconnus pour leur attention méticuleuse aux détails, leur utilisation innovante de l’ombre et de la lumière, et l’exploration profonde de thèmes spirituels et existentiels. 


Un autre personnage significatif du cinéma muet danois est Benjamin Christensen, dont le film Häxan (1922) est devenu culte avec son mélange d’éléments documentaires et horrifiques explorant l’histoire de la sorcellerie. Le cycle présente également ses premiers films, Det hemmelighedsfulde X (1914) et Hævnens Nat (1916), de même que deux films issus de sa carrière hollywoodienne, The Devil’s Circus (1926) et Mockery (1927). Benjamin Christensen possédait un sens inné du spectacle et ses films n’ont jamais manqué de qualités visuelles et de retournements dramatiques.


Les films danois ont aussi donné naissance à des stars internationales. Dans les années 1910, Asta Nielsen et Valdemar Psilander étaient des noms connus à l’échelle mondiale ; ils sont devenus les véritables premières stars de cinéma à l’international. Asta Nielsen était renommée pour son jeu expressif et sa capacité à transmettre des émotions complexes sans avoir recours aux dialogues. Sa collaboration avec son mari, le réalisateur Urban Gad, a produit les films les plus mémorables de cette période, comprenant ses débuts dans Afgrunden (1910) et Den sorte Drøm (1911), qui est l’un des deux seuls films dans lesquels Asta Nielsen et Valdemar Psilander partagent l’affiche. Dans les années 1920, le duo d’acteurs danois Pat et Patachon (Fy og Bi) est devenu la coqueluche du public européen avec leurs gags et leur humour apprécié des familles. Inclus dans cette programmation, Højt paa en Kvist (1929) est sans doute le meilleur film de Pat et Patachon.

La période du cinéma muet danois n’a pas été seulement définie par ses réussites artistiques mais aussi par ses contributions aux techniques cinématographiques et aux méthodes de production. Les cinéastes danois font partie des premiers à avoir utilisé des installations à plusieurs caméras et des techniques de lumière sophistiquées mettant en valeur la qualité visuelle des films et permettant une narration plus dynamique. L’industrie cinématographique danoise a été remarquablement prolifique durant la période muette, donnant naissance à un grand nombre de films qui ont pourvu un éventail de goûts et de genres très différents. Des mélodrames aux comédies en passant par les épopées horrifiques et historiques, les réalisateurs danois ont fait preuve d’une versatilité et d’une créativité qui ont permis de fidéliser le public et de le tenir en haleine. Les films Atlantis (1913), Verdens Undergang (1916) et Himmelskibet (1918) sont de bons exemples de films d’action qui se sont inspirés d’évènements et d’idées issus de l’actualité, ici le Titanic, la comète de Halley ou le voyage dans l’espace.


Même si les années 1920 ont marqué un déclin dans la production cinématographique danoise, la période a donné naissance à certains des meilleurs films muets danois, parmi lesquels David Copperfield (1922), Klovnen (1926) et Jokeren (1928).


Être capable de présenter la richesse du cinéma muet danois dans une programmation telle que celle-ci a été largement facilité par un projet de numérisation réalisé durant cinq ans par le Danske Filminstitut, fondé par Augustinus Fonden, Aage & Johanne Louis-Hansens Fond et A.P. Møller Fonden. Si vous souhaitez explorez encore davantage le cinéma muet danois, rendez-vous sur www.stumfilm.dk, où tous les films muets danois ayant survécu sont présentés et accompagnés de matériel de documentation.

 


Thomas Christensen,

conservateur et responsable des collections du Danske Filminstitut



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