La représentation du corps malade dans le cinéma des premiers temps
Dès leurs origines, le cinéma et la photographie ont montré les corps dans leur vie quotidienne : les ouvriers quittant l’usine, les danses serpentines des femmes, les bébés prenant leur petit-déjeuner, les promeneurs urbains ou les portraits des familles bourgeoises. Leur présence merveilleuse et étrange a amplifié les nouvelles formes de la culture du corps moderne, et la corporéité est devenue l’un des grands enjeux du cinéma et de la photographie. Parmi les images de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, nous nous intéressons à celles des corps malades, victimes de maladies physiques et mentales.
Pour mieux comprendre les images d’aujourd’hui, nous nous situerons à une période intermédiaire, celle de 1885-1920, au cours de laquelle différentes révolutions ont eu un impact sur la culture visuelle, et plus particulièrement, sur la conception et la vision du corps. Au cinéma, les corps malades étaient ceux des malheureux au destin tragique dans les fictions mélodramatiques, ou ceux des neurasthéniques soumis à différents états psychologiques et mentaux, incapables d’assumer les nouveaux stimuli des temps modernes. À la même époque, la médecine a connu une évolution importante, avec notamment l’apparition des rayons X et de la photographie microscopique. L’intérieur du corps a commencé à être montré, tout comme les opérations chirurgicales.
Dans son livre Historia cultural del dolor (2011), Javier Moscoso considère cette époque comme fondamentale : la douleur avait « un rôle de premier plan dans l’espace social, politique et scientifique qu’elle n’avait jamais eu auparavant ». Domènec Font, dans Cuerpo a cuerpo (2012) affirme que « le cinéma apparaît comme le symptôme des pathologies du corps. Et dans les tensions qu’il instaure et dans les émotions qu’il intensifie, il [le corps malade] revendique un certain degré de liberté hypersensorielle et une certaine conception du corps affectif ».
Pour étudier les représentations du corps malade, nous étudierons, d’une part, les dispositifs de prises de vues et les lieux de tournage, et d’autre part les théories nouvelles. À cette période, la définition d’un mot comme « kinesthésie » est à mi-chemin entre la physiologie et la médecine. Nous verrons comment le corps malade est devenu visible dans les actualités comme dans les multiples fictions issues des genres populaires. Le corps malade est apparu dans le cinéma burlesque comme inadapté à la mécanique de son monde, tandis que celui des mélodrames était représenté comme victime des maladies contemporaines qui traversaient les grands récits fictionnels et théâtraux : tuberculose, choléra, fièvres, syphilis, etc.
Journées d’étude vendredi et samedi : Entrée gratuite
Inscription à l'adresse accueil@fondationpathe.com
Projection :"Les Mystères d’une âme" vendredi 09.02 à 19h30
achat des places sur la billetterie en ligne
Ce colloque est un partenariat entre l’Universitat de Girona et la Fondation Pathé, avec le soutien de la Filmoteca de Catalunya. Il s’est organisé sur la base du 11e colloque international de l’Universitat de Girona (novembre 2023). Avec le soutien du projet de recherche Visiones del cuerpo enfermo en el cine y la fotografía : patologías físicas y psíquicas (PID2021-125555NB-I00) financé par le Ministerio de Ciencia y Inovación d’Espagne.