La séance est présentée par Bernard Eisenschitz*.
1951 - 1h38 - Sonore
Allemagne
Réalisation : Peter Lorre
Scénario : Peter Lorre, Benno Vigny, Axel Eggebrecht
Photographie : Václav Vích
Production : Arnold Pressburger-Filmproduktion (Hamburg)
Avec : Peter Lorre, Karl John, Helmut Rudolph, Renate Mannhardt, Johanna Hofer, Eva-Ingeborg Scholz, Lotte Rausch, Gisela Trowe, Kurt Meister, Hansi Wendler
Dr. Karl Rothe conduit une importante recherche pour les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Un jour, il se rend compte que sa fiancée le trahit avec l’un de ses collègues les plus proches et vend les résultats de sa recherche secrète.
« [Dans les années 1950], j’avais l'impression que la vie artistique était totalement paralysée par le miracle économique. Pendant vingt ans, le cinéma allemand fut à l'arrêt. Il y eut quelques tentatives isolées, comme celles de Peter Lorre, revenu d'Amérique, lorsqu'il tourna un Trümmerfilm*, un film des décombres, intitulé L’Homme perdu ou celle de Helmut Käutner et Wolfgang Staudte qui tentèrent de régler leurs comptes avec le passé.
Le film de Peter Lorre, remarquable d'honnêteté, rappelle le M de Lang, pourtant, il fut accueilli si froidement en Allemagne que son réalisateur retourna aux États-Unis plein d'amertume. Certes, il avait réussi à se débrouiller en tant que comédien à Hollywood mais il jouait toujours la crapule de service et il picolait tellement qu'il finit par en mourir.
Les Allemands avaient trop mauvaise conscience. Il fallait d'abord que les fils grandissent pour faire le procès des pères.
*Les Trümmerfilm donnent à voir la vie des Allemands dans les décombres de l'immédiate après-guerre, à l'inverse du Heimatfilm qui met à l'honneur une Allemagne fantasmée dans les paysages de montagne intemporels. »
Mémoires de Lotte H. Eisner, J'avais jadis une belle patrie, Edition Marest, 2022, p. 380
« Cette manière d’aborder un sujet, ce tact pour tout dire que l’on avait cherché dans la production allemande depuis vingt ans se retrouve constamment dans le dialogue aussi bien que dans le jeu des acteurs et même dans leur élocution. Aucune faille, aucune opposition heurtée, aucune fausse valeur. Le montage témoigne aussi de ces qualités retrouvées : les « flashback » évoquant les incidents de 1943, s’insèrent dans l’action avec une logique parfaite et une grande sobriété. »
L’Écran démoniaque, Lotte H. Eisner, Paris, Ed. Ramsay, 1985, p.238
Format de la copie : 35mm
Provenance de la copie : Deutsches Filminstitut & Filmmuseum
*Historien du cinéma, critique et programmateur, Bernard Eisenschitz est également l'auteur de Roman américain, Les Vies de Nicholas Ray (1990), Man Hunt de Fritz Lang (1992), Fritz Lang la mise en scène (dir.,1993), Gels et Dégels, Une autre histoire du cinéma soviétique, 1926-1968 (dir., 2000) et Le Cinéma allemand (1999, 2008).