La séance est présentée par Séverine Danflous*.
1928 - 2h15
Allemagne
Réalisation : Georg Wilhelm Pabst
Scénario : Ladislaus Vajda, d’après les pièces Erdgeist et Die Büchse der Pandora
Société de production : Nero-Film AG (Berlin)
Photographie : Günther Krampf
Avec : Louise Brooks, Fritz Kortner, Franz Lederer, Carl Goetz, Krafft-Raschig, Alice Roberts, Daisy d'Ora, Gustav Diessl, Michael von Newlinski, Siegfried Arno, Hans G. Casparius, Paul Falkenberg, Speedy Schlichter
Loulou, belle, capricieuse, insouciante et innocemment perverse, est une créature qui ne vit que pour l’amour. Elle joue dans une revue que commandite son amant, Ludwig Schön, un puissant magnat de la presse et du music-hall fiancé à la fille du ministre de l’intérieur. Au soir de la première, Loulou oblige Ludwig à rompre. Elle se fait épouser par Schön, mais le soir des noces, il la surprend dans sa chambre en situation équivoque. Furieux il veut l’obliger à se suicider, mais dans la lutte, c’est lui qui est tué par accident. Accusée de meurtre, Loulou parvient à s’enfuir…
« Personne n’a su comme Pabst fixer la fièvre qui règne dans les coulisses un soir de première d’une grande revue, la hâte étourdissante, le va-et-vient sans but apparent, la promiscuité des corps tandis que les décors sont transportés ici et là, l’aspect du plateau comme virant de biais, quand sont montrés, au milieu d’une attraction une entrée, une sortie, l’empressement des artistes à aller s’incliner devant les applaudissements, la rivalité, la complaisance et l’humour, ce mélange ahurissant d’activité des accessoiristes et des électriciens, d’aspiration artistique, de pittoresque et de volupté facile. Même le fameux 42ND STREET ne rend pas cet éblouissement, cette atmosphère chaude, cette sensualité submergée de flots de lumières miroitant sur les rideaux de lamé, brillant sur les casques et les armures, nacrant le corps des femmes quasi nues. Pabst dirige ce tohu-bohu avec une dextérité étonnante ; tout y est prévu, soigneusement réglé : à des intervalles calculés avec précision, quelques figures traversent l’écran venant de partout et passant devant ou derrière un groupe principal, donnant ainsi une impression d’effervescence, de dynamisme. Tout oscille dans le vague d’un arrière-plan où Loulou apparaît comme une sorte d’idole païenne, tentante scintillante de paillettes, de plumes, de fanfreluches et de falbalas. »
L’Écran démoniaque, Lotte H. Eisner, Paris, Ed. Ramsay, 1985, p.211
Format de la copie : DCP
La séance du 26 janvier est accompagnée par Camille El Bacha, pianiste issu de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).
Séverine Danflous est écrivain et critique de cinéma pour Transfuge, auteure de deux romans (Brune platine et S’abandonner) et d’essais (Écrire la faim: Kafka, Levi, Auster, Tennessee Williams, l’écran sauvage). Son prochain ouvrage, écrit en collaboration avec Pierre-Julien Marest, paraîtra en février : Busby Berkeley, l’homme qui fixait des vertiges (Marest, 2024).