1925 - 2h37
Allemagne
Réalisation : Georg-Wilhem Pabst
Scénario : Willy Haas d’après le roman de Hugo Bettauer
Photographie : Guido Seeber, Curt Oertel, Robert Loch
Chef décorateur : Hans Sohnle, Otto Erdmann
Directeur artistique : Hans Sohnle, Otto Erdmann
Monteur : Georg-Wilhem Pabst
Production : Sofar-Film-Produktion GmbH
Avec : Greta Garbo, Asta Nielsen, Max Kohlhase, Silvia Torf, Jaro Fürth, Loni Nest, Werner Krauss, Einar Hanson, Karl Ettlinger, Agnès Esterhazy, Waleska Gert
En 1921 à Vienne, la guerre a plongé les habitants d'un quartier défavorisé dans la misère la plus totale. Certains en tirent profit, comme la Greifer, qui tient une maison close fréquentée par la haute bourgeoisie et pour laquelle elle recrute des filles désespérées dans la rue. Greta, l'aînée d'une famille ruinée, fait tout son possible pour rapporter un peu d'argent au foyer. Malgré ses réticences, la Greifer l'attire bientôt dans les filets de la prostitution.
« Parfois nous sommes frappés par un plan révélateur annonçant de quoi sera capable le Pabst arrivé à maturité : c’est par exemple le plan en plongée de Werner Krauss, le boucher, dans la maison de passe, nous montrant sa tête pommadée dans toute sa hideur, la nuque grasse mise en relief, les épaules hautes ; la caméra suit ses attitudes, sa manière guindée de s’asseoir, les basques de l’habit soigneusement relevées, la main gantée saisissant un morceau de gâteau dont le sucre poisse le cuir ; toute la vanité du nouveau riche, mal à l’aise dans ses habits de fête, devient visible. »
L’Écran démoniaque, Lotte H. Eisner, Paris, Ed. Ramsay, 1985, p.175
« LA RUE SANS JOIE révèle déjà que Pabst met mieux en valeur les actrices que les acteurs : certes, pour ce film, il dispose de deux femmes exceptionnelles dont Greta Garbo qui, bien que très jeune et inexpérimentée venait de jouer pourtant de manière inoubliable le rôle de la comtesse dans LA LÉGENDE DE GÖSTA BERLING, de Stiller. L’objectif saisit le galbe parfait de son visage où se déploie doucement sa craintive tristesse et les rares fois où elle risque un faible sourire en présence de l’officier américain, elle est infiniment plus captivante que la « Garbo qui rit » que l’on a lancée dans NINOTCHKA ! Ces hésitations provoquées en partie par le trac ont servi le rôle. Elles s’harmonisent avec l’art consommé d’Asta Nielsen qui apparaît tout d’abord, avant le meurtre, soumise et presque enfantine, à peine animée par un pauvre petit désir de bonheur ; mais au fur et à mesure sa passivité s’imprègne de douleur et son masque de Pierrot mourant prend une puissance extraordinaire. Qu’un instant se ferment ses paupières chargées d’expérience, qu’une de ses mains, portant toujours semble-t-il quelque blessure invisible, erre à travers l’écran, son destin pathétique nous frappe au cœur. Sa démarche infiniment lasse est gauche comme si ses jambes étaient de bois ; elle semble vaincue d’avance, victime élue de tous les malheurs de la terre. Bien des scènes de ce film qui ne sont que des poncifs de la misère humaine prennent vie grâce à sa présence. »
L’Écran démoniaque, Lotte H. Eisner, Paris, Ed. Ramsay, 1985, p.176-177
Format de la copie : DCP
Provenance de la copie : Tamasa
Les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris).