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Séance

"Circe the Enchantress", Robert Z. Leonard, 1924 (1h06)



La séance du 3 novembre est présentée par Jay Weissberg, Directeur des Giornate del Cinema Muto.



Circe the Enchantress

1924 - 1h06

États-Unis


Réalisation : Robert Z. Leonard

Scénario : Douglas Z. Doty

Photographie : Oliver T. Marsh

Chef décorateur : Cedric Gibbons

Production : Robert Z. Leonard, Tiffany Productions

Avec : Maë Murray, James Kirkwood, Tom Ricketts, Charles Gerrard, William Haines, Lillian Langdon, Gene Cameron

Dans une villa de l'île mythique d'Aeaea, la sorcière Circé, fille du dieu du soleil Hélios, transforme les marins d'Ulysse en porcs. Pendant ce temps, dans sa villa semblable à celle de Gatsby le Magnifique, sur la rive nord de Long Island, Cecilie Brunne (la Circé moderne) donne l'un de ses dîners de jazz, entourée d'une bande d'admirateurs ivres. Cecilie a l'intention de séduire son voisin, le célèbre chirurgien Wesley Van Martyn, mais celui-ci repousse ses avances.


Format de la copie : copie 35 mm

Provenance de la copie : Národni filmový archiv


Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).


Mae Murray était au sommet de son art lorsque le célèbre romancier espagnol Vicente Blasco Ibáñez lui écrivit l'histoire de Circé. Elle avait alors déjà dansé du vaudeville à Broadway et conquis les cabarets new-yorkais ; ce n’était plus une Ziegfeld Girl, mais une star hollywoodienne, avec pas moins de 32 films à son actif – dont 23 réalisés par son partenaire créatif et romantique Robert Z. Leonard, et, sur ces 23, 7 produits par leur société Tiffany Productions. Bien que plusieurs romans de Blasco Ibáñez aient été produits sous forme de films aux États-Unis – Los cuatro jinetes del Apocalipsis (1916), sorti sous le titre Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse en 1921, Sangre y arena (1908) sous le titre Le sang et le sable en 1922, et Los enemigos de la mujer (1919) sous le titre Les Ennemis de la femme en 1923 – il désirait ardemment écrire un script plutôt qu’un livre. La présence de Murray dans Fascination (1922), qui fit sensation au box-office espagnol, l’incita à créer une histoire basée sur le mythe grec antique de Circé : l'histoire d'une tentatrice moderne qui attire les hommes dans une obsession passionnée, au cours de laquelle ils la couvrent d’attention et sont traités comme des porcs en retour. Cette histoire d'origine est ensuite devenue la base de la promotion du film, puisque des publicités proclamaient : « Le génie d'Ibanez créé un drame stupéfiant, sur la personnalité brillante de Mae Murray ».

Circé a en effet fourni à Murray un nouveau carcan, un rôle qui correspondait à son image, tout en élargissant sa palette d'expression – de déesse incandescente à pétillante nymphette de jazz, écolière mélancolique, danseuse enjouée, enseignante de couvent démunie et patiente pathétique – et les critiques contemporains ont considéré son travail dans le rôle de Cecilie comme une performance d'une véritable valeur artistique. Comme l'a fait remarquer Florence Lawrence, rédactrice en chef de l'art dramatique au Los Angeles Examiner, dans une coupure de presse non datée : « L'histoire [...] donne à la vibrante star une caractérisation vivante et caméléon. Elle est tour à tour la chérie gâtée et choyée d'un cercle de riches adorateurs, et la femme mélancolique qui réclame l'attention du seul homme digne d'intérêt dans l'ensemble de ses connaissances ».

Bien que la copie conservée à Prague soit incomplète, la narration reste en grande partie intacte. Le film s'ouvre sur une villa de l'île mythique d'Aeaea, où Circé, la sorcière, fille du dieu du soleil Hélios, transforme les marins d'Ulysse en porcs. Pendant ce temps, dans sa villa semblable à celle de Gatsby le Magnifique, sur la rive nord de Long Island, Cecilie Brunne (la Circé moderne) donne l'un de ses dîners de jazz, entourée d'une bande d'admirateurs ivres. Cecilie a l'intention de séduire son voisin, le célèbre chirurgien Wesley Van Martyn, mais celui-ci repousse ses avances et s'en va, dégoûté. Elle est tombée désespérément amoureuse de lui, mais il ne s'intéresse pas aux femmes de son genre. Ses pensées remontent au jour où elle a quitté l'école du couvent de la Nouvelle-Orléans, et à la désillusion qui s'en est suivie à l'égard des hommes et de la vie. Le cœur brisé, elle décide de tout oublier au cours d'une nuit de carrousel. Après une danse endiablée, elle joue son argent, sa villa et ses bijoux précieux, et brise le verre de vin qu’elle tenait, se tranchant une artère. Appelé sur les lieux, le docteur Van Martyn suture sa blessure, empêche une bagarre mortelle entre deux de ses prétendants et s'en va après avoir dénoncé ses actes. Elle se précipite à sa suite, prise de remords pour la première fois de sa vie. Elle lui jette un dernier regard amoureux, l'embrasse et s'enfuit vers le vieux couvent de la Nouvelle-Orléans. Blessée par une voiture en excès de vitesse alors qu'elle tentait de sauver un enfant, elle est temporairement paralysée. Le docteur Van Martyn, qui s'est éveillé à la passion, la retrouve et l'amour irrésistible qu'elle éprouve pour lui lui permet de se jeter dans ses bras.

Circé fut le 24e et dernier film de Mae Murray réalisé par Robert Z. Leonard, et les critiques ont fait l'éloge de sa gestion habile des scènes de couvent, d'enfance et d'hôpital, imprégnées d'une grande profondeur humaine, ainsi que des scènes de fête mises en scène de manière sensationnelle, filmées dans les riches intérieurs de Cedric Gibbons, rehaussés par les superbes effets de clair-obscur du caméraman Oliver T. Marsh. Ces caractéristiques sont toutes visibles dans la copie conservée, qui, bien qu'incomplète, a beaucoup à offrir aujourd'hui, notamment deux numéros de danse : l'un dans le style de danse moderne à la Isadora Duncan, l'autre dans l'idiome du jazz, Mae étant accompagnée par un ensemble de jazz afro-américain de six musiciens qui n'a pas encore été identifié. Il y a également un personnage clairement codé comme gay, la modiste « Madame » Ducelle, qui porte des tutus et qui se déclare même « reine des fées » dans l'intertitre qui a survécu. (Les distributeurs tchèques ont probablement supposé qu'un homme, Gene Cameron, ne pouvait pas jouer un personnage féminin, et ils ont modifié cette identification afin qu'elle fasse référence à une actrice non identifiée dans la même scène de dîner). Surtout, nous voyons Mae Murray au moment où son mariage avec Leonard se terminait, dans l'avant-dernier succès de sa carrière. À l'époque de Circé, elle avait en fait 39 ans (et non 32, selon sa légende soigneusement gérée), et était sur le point de devenir la première vedette de la toute nouvelle société M-G-M (l'année suivante, elle a joué dans La Veuve joyeuse de Stroheim, projeté à Pordenone en 2009). 


- Artemis Willis



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