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Séance

"Zigano, der Brigant von Monte Diavolo", Harry Piel, 1925 (2h01)



La séance du 1er novembre est présentée par Jay Weissberg, Directeur des Giornate del Cinema Muto.



Zigano, Der Brigant Von Monte Diavolo

1925 - 2h01

Allemagne



Réalisation : Harry Piel

Scénario : Harry Piel, Henrik Galeen

Photographie : Georg Muschner, Gotthard Wolf et Gustav Knauer

Production : Hape Film Co.

Avec : Harry Piel, Apoloni Campella, Raimondo Van Riel, Fritz Greiner, José Davert, Olga Limburg, Karl Etlinger, Dary Holm, Denise Legeay, Albert Paulig

Lorsque le duc Lodovico répond à l'appel de Napoléon et part avec ses troupes, il laisse sa ville au gouverneur Ganossa, croyant qu'elle est entre de bonnes mains. Mais pendant l'absence de Lodovico, Ganossa complote pour prendre le pouvoir et épouser Béatrice, la fiancée du duc.



Format de la copie : DCP

Provenance de la copie : Filmmuseum Düsseldorf


Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).


« Une fois de plus, il s'agit d'un Piel authentique, pour le plus grand plaisir de la communauté des fans de Piel... Henrik Galeen s'y connaît en littérature de brigandage romantique » (Der Kinematograph, 19/07/1925). Après Der Mann ohne Nerven et Schneller als der Tod, la Hape-Film Co. annonce sa troisième coproduction avec Gaumont pour la saison 1924-25, cette fois selon un manuscrit de Henrik Galeen. Il fut l'un des principaux collaborateurs de Piel, scénarisant sept autres de ses films et devenant l’un de ses amis proches.

En novembre 1924, une adaptation de La Mégère apprivoisée de Shakespeare est prévue, mais le projet n’est finalement jamais réalisé. Au lieu de cela, Piel et Galeen préparent le drame en costumes Halt, Geld oder Leben! (« Halte ! La bourse ou la vie ! »), qui sort sous le titre de Zigano – l'un des films les plus marquants de la carrière de Piel, avec de nouveau Gérard Bourgeois comme assistant réalisateur. Pour le tournage, qui se déroule d'avril à juin 1925 au Trianon Atelier de Berlin et en Italie, Piel recherche des lieux internationaux, comme il l'a fait si souvent dans sa carrière, afin d'offrir une grande variété à son public. Tivoli, près de Rome, et les jardins de la Villa d'Este servent ainsi de décor à ce film de cape et d'épée, qui se déroule dans un duché italien fictif.

Lorsque le duc Lodovico répond à l'appel de Napoléon et part avec ses troupes, il laisse sa ville au gouverneur Ganossa, croyant qu'elle est entre de bonnes mains. Mais pendant l'absence de Lodovico, Ganossa complote pour prendre le pouvoir et épouser Béatrice, la fiancée du duc. Il envoie ses troupes faire des raids à travers le pays et piller la population pauvre ; seul le justicier masqué Zigano et ses hommes se rangent du côté des opprimés, luttant contre les troupes de Ganossa. Pendant ce temps, Benito, un jeune étudiant, part pour la ville afin d'occuper un poste à la cour. En chemin, il est pris dans une escarmouche entre Zigano et les troupes de Ganossa. L'étudiant se bat courageusement aux côtés du justicier, mais l'homme masqué est mortellement blessé et choisit l'étudiant comme chef de ses troupes, le nommant le « nouveau Zigano ». Benito doit maintenant faire ses preuves devant ses propres hommes ainsi qu'à la cour, où il attire les soupçons de « l’âme damnée de Ganossa », Matteo. Une partie de cache-cache s'ensuit, au cours de laquelle Zigano finit par abattre le vilain Ganossa et confie Béatrice à Lodovico, qui est rentré chez lui.

Compte tenu de l'implantation du fascisme en Italie, il est intéressant de noter le choix de Piel et Galeen concernant le nom du jeune étudiant qui devient le libérateur de la population opprimée du duché ; « Benito ». Si Piel ne commente pas la situation politique italienne, l'acteur José Davert se montre moins réservé : « Je n'ai pas l'intention de faire de la politique et je ne suis pas là pour critiquer le fascisme, mais il semble que certains fascistes – et ils sont nombreux – n'aient pas une affection très sincère pour le cinéma... Il faut dire qu'en Italie, cette étiquette politique est trop souvent utilisée pour couvrir des actions arbitraires contre des personnes privées, ou des chantages bien particuliers » (Mon Ciné, 05/11/1925). Davert fait ici allusion aux difficultés causées par les figurants italiens, qui soutenaient qu'en tant que bons fascistes, ils méritaient une augmentation. Ils ne cesseront que lorsque Piel menace d'arrêter le tournage et de le poursuivre en France.

Dans Zigano, Piel a de nouveau l'occasion d'inclure une longue scène de poursuite avec des chevaux, et le travail de caméra des directeurs de la photographie Georg Muschner et Gotthardt Wolf est particulièrement frappant. Il est notamment redoutablement efficace lors d’une scène où les hommes de Ganossa attaquent un monastère et volent les nonnes, et où Zigano arrive juste à temps, mettant en fuite la bande de voleurs et se lançant à leur poursuite avec ses partisans. La caméra suit alors le galop rapide du cheval et reflète parfaitement la dynamique entre Zigano et ses adversaires.

Avec ce film, Piel scelle sa réputation de « Douglas Fairbanks allemand » (le film est tourné juste au moment où Don Q, Son of Zorro, de Fairbanks, est présenté en première aux États-Unis), et ses talents d'acteur sont reconnus dans le monde entier. « Un jeu viril coloré et sauvage avec de l'escrime, du tir, de l'équitation, de la vitesse, et de beaux uniformes. L'artiste de cirque Harry Piel joue le rôle de Benito-Zigano, et ne s’avère pas seulement un acrobate, mais un véritable acteur tout à fait capable » (Victor Klemperer, 08/08/1925, Klemperer Online Diaries 1918-1959). L'accompagnement musical de la première au Mozartsaal de Berlin est également salué : « [Willy] Schmidt-Gentner, en manches de chemise mais avec beaucoup de bravoure, a dirigé un orchestre rugissant et déchaîné ; inoubliable est la partie de tambour saisissante qui a conquis le public » (Deutsche Filmwoche, 07/08/1925). Zigano a également connu un succès international : « Les frissons abondent, l'excitation fourmille dans chaque pied, et l'intrigue captivante maintient l'intérêt à chaque instant » (Kinematograph Weekly, Londres, 01/09/1927).

La source de cette restauration est une copie nitrate 35 mm teintée conservée à la Cinémathèque Suisse. Les parties manquantes ont été extraites d'un positif de sécurité 35 mm, basé sur les mêmes éléments sources, provenant du Bundesarchiv-Filmarchiv. La copie suisse avait des intertitres allemands/français ; les intertitres allemands originaux ont été reconstitués à partir de la carte de censure allemande.



- Hemma Marlene Prainsack



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