L’exposition Fellini : Maestro ! se prolonge sous une forme réduite jusqu’au 23 mars. Sur deux niveaux d’exposition, la Fondation Pathé présente Fellini vu par la portraitiste Elisabetta Catalano et plus de 650 photographies et documents de La dolce vita.
A travers une sélection de documents, Fellini : Maestro ! s’intéresse également au processus de création des films, à leur part autobiographique et au rapport de Fellini avec les spectacles populaires.
Federico Fellini a imposé un style et un regard inspiré de ses rêves, de ses expériences et de ses angoisses, autant que de ses fantasmes. Des Vitelloni à La dolce vita, de Huit 1/2 à Amarcord, de Roma à Intervista, les films sont à la fois introspectifs, évocateurs d’une société et reflets des obsessions et des rêves d’un cinéaste de génie. Ils jalonnent l’histoire des images et de la scène pendant la seconde moitié du siècle, depuis les numéros de music-hall et les salles de cinéma jusqu’aux shows de la télévision.
Au cœur des studios romains de Cinecittà, Frederico Fellini a produit une œuvre universelle, singulière et pharaonique, façonnée comme une fable moderne. Reconnu dans le monde entier, il a notamment été récompensé par cinq Oscars, une Palme d’or et par le Prix Impérial au Japon. Il a été le premier cinéaste étranger couronné par le Film Society of Lincoln Center de New York. Outre de nombreux hommages internationaux, il a été récompensé en Italie par deux Lions d’argent et un Lion d’or, par quinze Rubans d’argent et six David di Donatello.
Chez Federico Fellini, il y a toujours des excès de réalisme.
Alberto Moravia
Imagination et évolution
Après des débuts à Rome comme dessinateur de presse, Fellini collabore avec Roberto Rossellini (Rome ville ouverte, Païsa). Il passe à la réalisation avec Les Feux du music-hall (avec Lattuada, 1950), Le Cheick blanc (1952) et Les Vitelloni (1953) puis s’impose dans le monde entier avec La Strada (1954) et La dolce vita (1959). Portrait introspectif d’un metteur en scène, Huit et demi (1963) constitue un tournant dans sa carrière. Il réalise par la suite Fellini Roma (1972), Amarcord (1973) ou encore Et la nave va (1983). La Voce della luna en 1990 sera le dernier titre de sa filmographie qui compte plus de vingt réalisations, plusieurs courts-métrages et quelques publicités.
Federico Fellini aborde des thèmes qui deviennent comme des motifs dans l’ensemble de son œuvre : la rédemption, l’oisiveté et l’errance dans Rome, la séduction des femmes, la fête et la nuit, le miracle, le sacré et le profane, mais aussi les médias et la marchandisation de la religion, le désir et la culpabilité …
Ses films parlent d’errance et de rédemption (La Strada, Les Nuits de Cabiria, Il Bidone). Ils sont à la fois le reflet de ses obsessions (La Dolce vita, Huit et demi …), des hommages (Roma, La Cité des femmes …) et des souvenirs (I Vitelloni, Amarcord) ou encore des réflexions sur les spectacles et l’illusion (Les Feux du music-hall, La Tentation du Docteur Antonio, Ginger et Fred…) et sur la société de consommation (La voce della luna). Fellini fait le choix de ne pas livrer une réflexion sur l’état du monde mais l’évolution de la société, qui s’observe dans presque chacun de ses films, n’est pas sans se teinter de nostalgie et de désarroi dans les derniers films (Et vogue le navire, Intervista, La voce della luna).
Trente ans après sa disparition, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et le Pathé Les Fauvettes s’associent pour lui consacrer une exposition et une rétrospective de films.
Intervista, collection Fondation Pathé copyright 1987 - Aljosha Productions
Exposition Fellini : Maestro !
Du 5 octobre 2023 au 23 mars 2024 à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Fellini était un fabuliste, un magicien, un conteur d’histoire. Il a imposé un style et un regard oniriques inspirés de ses rêves, de ses expériences et de ses angoisses autant que de ses fantasmes. Par ses mises en scène démiurges et baroques, il a créé un genre unique, sans maître ni suiveur, même si plusieurs réalisateurs et artistes lui ont par la suite rendu hommage.
Fellini ne conservait rien mais il a laissé beaucoup de témoignages sur son travail, notamment des documents conservés par ses collaborateurs et amis. L’exposition mettra en lumière sa foisonnante imagination autant que son exigence obsessionnelle du détail. Le metteur en scène avait pour habitude de livrer à ses équipes une abondance de production graphique et de modifier ses scripts et les dialogues jusqu’au dernier moment. Fellini n’était pas seulement un réalisateur, il était un créateur visionnaire qui s’appuyait sur la confiance et le talent des collaborations pour créer un monde à part.
« Quand [l’]étude de travail est achevée, quand je m’aperçois que je ne peux pas aller plus loin, dans cette direction-là, je réunis tout ce matériel désordonné : dessins, notes de travail dialogues, photos, coupures de journaux, etc. et je loue un bureau toujours dans un lieu différent et inconnu de moi, aussi anonyme que possible. »
Federico Fellini
L’exposition Fellini : Maestro ! s’intéressera aussi bien au processus de création du cinéaste, depuis l’écriture et le dessin jusqu’à la fabrique des personnages, la formation d’une équipe, la mise en scène et le montage.
Elle reviendra sur le caractère profondément introspectif de son œuvre, qui a donné naissance à des films dans lesquels le rêve, la mémoire et une supposée réalité se mêlent sans distinction. En allant jusqu’à se mettre en scène, Fellini s’est représenté comme un grand ordonnateur de ses propres rêves et de ses illusions. Il a aussi livré une réflexion sans concession sur l’évolution du spectacle cinématographique.
Sur trois niveaux, et à travers une scénographie onirique signée par le spécialiste d’art contemporain italien Alessandro Pron, la Fondation présentera plus de 250 photographies (d’Elisabetta Catalano et de Paul Ronald entre autres), affiches, scripts originaux, écrits et extraits de films, ainsi que des costumes, des accessoires de tournage et plus de 70 dessins.
Rarissimes, ces documents en majorité conservés dans des collections particulières françaises, suisses et italiennes, sont pour la plupart exposés pour la première fois en France. A ceux-ci seront associées les collections de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, riches d’un ensemble d’affiches exceptionnelles et de plus de 900 photographies de La dolce Vita, dont Pathé fut coproducteur.
Grands prêteurs de l’exposition :
Fondation Fellini, Sion
Museo Fellini, Rimini
Archivio Elisabetta Catalano, Rome
Cinémathèque française, Paris
Collection Dominique Delouche, Paris
Collection Gérald Morin, Nice
Collection Jakob et Philipp Keel, Zürich
Collection Sartori Farani, Rome
Collection Françoise Pieri, Meudon
Collection Christophe Goeury, Paris
L'exposition a reçu le soutien de l'Institut Culturel Italien de Paris.
Cycle de films muets en ciné-concert : Rome, au temps du muet
Du 22 novembre au 19 décembre 2023 à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
En lien avec l’exposition, un cycle de films muets présentés en ciné-concert interrogera d’abord la relation du cinéaste, né en 1920, au cinéma muet, et ce qui aurait pu être une source d’inspiration pour son œuvre : Maciste, Charlie Chaplin, Stan Laurel et Oliver Hardy, Tom Mix, le music-hall…
En parallèle, le cycle explorera la représentation de Rome, Antique ou contemporaine, dans le cinéma muet, et revisitera l’histoire de la ville (et de l’Italie) à travers des films comme Cabiria de Giovanni Pastrone(1914).
Samedi 14 octobre
14h projection de La dolce vita (restauration Pathé)
17h30 Suivie de la table ronde organisée par la Mairie du 13e en présence de Dominique Delouche, Audrey Norcia, Jean-Max Méjean et Caroline Masoch
Vendredi 24 novembre
Séance-signature du livre d’Ivo Blom Quo vadis?, Cabiria and the ‘Archaeologists’: Early Italian Cinema’s Appropriation of Art and Archaeology (Turin: Kaplan, 2023)
14h30 présentation (1/2 heure)
15h projection de Cabiria
18h signature du livre au Studio
Vendredi 1er décembre
Journée d’étude Fellini : Que représente Fellini aujourd’hui ? Le 1er décembre 2023 une journée de conférences et de présentation sera le moment d’échanger à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé autour de l’héritage et de l’influence du metteur en scène. Elle donnera la parole à ses collaborateurs, à de grands collectionneurs et à des universitaires. Sont par exemple invités : Dominique Delouche, Gérald Morin, Philipp Keel, Stéphane Marti, Sophie Guermès, Jean-Max Méjean, Clarisse Rapp.