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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

Cycle

Victor Sjöström

Du  06/09/23  au  10/10/23 


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Du 6 septembre au 10 octobre 2023, La Fondation Pathé programme un cycle de films de et avec Victor Sjöström, réalisateur et acteur. Pionnier du cinéma muet, Sjöström a révolutionné le cinéma suédois grâce à des œuvres dramatiques extrêmement maîtrisées, tournées en décors naturels et dont les jeux d'acteurs inventifs offrent de subtils portraits psychologiques.

Le cycle présente 25 films (pour la plupart en copies 35 mm restaurés par la SvenskaFilmInstitutet), une conférence du conservateur suédois Jon Wengström et de nombreuses présentations de séance par des historiens et critiques de cinéma. Il est complété, du 6 au 30 septembre, par une exposition de photographies des films de Victor Sjöström, depuis les années 1910 jusqu'à ses films parlants. Couvrant toute sa carrière en Suède, cet ensemble exceptionnel est issu de la collection de la SvenskaFilmInstitutet. Les photographies constituent une source majeure sur les débuts du cinéma en Suède, sur les tournages en studio et en extérieur, sur la mise en scène et le jeu des acteurs, ainsi que sur l'utilisation de la lumière et des décors.


Lorsque la société de production Svenska Biografteatern quitte en 1911 une ville rurale du sud de la Suède pour s'installer dans de nouveaux locaux à Stockholm, Victor Sjöström y est engagé en tant que réalisateur par le légendaire producteur Charles Magnusson. Au cours de ses années de formation, de 1912 à 1916, Sjöström réalise pas moins de 30 films, dont beaucoup sont aujourd'hui perdus. Parmi les films ayant survécu, Ingeborg Holm (1913) se distingue des autres œuvres de cette période. L'histoire d'une femme veuve avec trois enfants, caractérisée par une utilisation sophistiquée de différentes profondeurs de champ et un jeu d'acteurs discret, suscite des débats parlementaires et entraîne même une modification de la législation sociale suédoise en faveur des mères célibataires.


Terje Vigen (1917) est quant à lui une adaptation d'un poème du dramaturge norvégien Henrik Ibsen. Sjöström interprète lui-même le personnage principal, un homme vieillissant qui doit faire face à des sentiments de perte, d'amertume et de vengeance. Le film est principalement tourné dans l'archipel de Stockholm. Sjöström et le directeur de la photographie Julius Jaenzon ne se sont pas seulement contentés d'utiliser les lieux saisissants comme toile de fond spectaculaire servant l'action du film, mais le vent, les vagues et les îles désertiques sont aussi intégrés dans le drame que les personnages. Le succès de Terje Vigen incite le studio à modifier sa politique de production et à produire désormais moins de films, mais plus longs, davantage élaborés et plus souvent en adaptant des œuvres littéraires célèbres. Les prises de vue en extérieur, montrant l'interaction entre l'homme et la nature, deviennent l'une des marques de fabrique du studio, comme en témoigne le film suivant de Sjöström, Berg-Ejvind och hans hustru / Les Proscrits (1918). Là encore, Sjöström joue lui-même le rôle principal, celui d'un hors-la-loi contraint de s'enfoncer de plus en plus loin dans les montagnes avec la femme qu'il aime. Lorsque le critique et cinéaste français Louis Delluc voit le film à Paris au début des années 1920, il s'exclame : « C'est sans doute le plus beau film du monde ». En plus d'être l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, Sjöström est également l'un des meilleurs acteurs, comme le prouve sa performance dans Körkarlen / La Charrette fantôme (1921). Körkarlen, l'une des nombreuses adaptations des œuvres de l'écrivaine Selma Lagerlöf, est considéré comme l'un des plus grands films suédois de tous les temps. Il se distingue par sa structure narrative compliquée et ses superpositions complexes décrivant plusieurs couches temporelles, qui se déplacent librement entre les domaines de la réalité et du surnaturel.


En 1923, Sjöström quitte la Suède pour faire carrière à Hollywood, ouvrant la voie à plusieurs compatriotes tels que le réalisateur Mauritz Stiller et les acteurs Lars Hanson et Greta Garbo. Contrairement à celle de Stiller, la carrière américaine de Sjöström est couronnée de succès. Il réalise neuf films entre 1923 et 1930, dans lesquels il parvient à imposer son style personnel. Son premier film américain, Name the Man / Le Glaive de la loi (1923), présente des similitudes avec la première adaptation de Lagerlöf, Tösen från Stormyrtorpet / La Fille de la tourbière (1917), et dans He Who Gets Slapped / Larmes de clown (1924), Lon Chaney joue le rôle d'un ex-scientifique humilié qui se produit en clown dans un cirque. Le meilleur film hollywoodien de Sjöström reste toutefois The Wind / Le Vent (1928), avec Lilian Gish et Lars Hanson, tourné comme un film muet mais sorti avec de la musique et des effets sonores. Comme dans les films suédois classiques de Sjöström, les personnages doivent lutter contre les forces de la nature, une partie intégrante du drame. Après avoir tourné son premier film sonore, A Lady to Love / Le Désir de chaque femme (1930), Sjöström retourne en Suède et, après deux autres films sonores, poursuit sa carrière d'acteur. Ses interprétations les plus remarquables sont celles du patriarche d'une famille de fermiers dans Ordet / La Parole (1943), adaptation de Kaj Munk (réalisée dix ans avant la version de Carl Th. Dreyer), et de l'homme vieillissant qui revient sur sa vie, se souvenant des moments heureux de son enfance ainsi que des injustices et de la douleur qu'il a infligées aux autres dans Smultronstället / Les Fraises sauvages (1957) d'Ingmar Bergman.


Tous les négatifs des films muets de Sjöström ont été détruits dans un incendie en 1941. Les films qui subsistent ont été conservés à partir de copies de distribution de l'époque. Au fil des ans, des films que l'on croyait perdus ont cependant été retrouvés à intervalles réguliers, principalement dans des archives étrangères. Le dernier en date est Judaspengar / L'Argent de Judas (1915), dont une copie nitrate a été découverte au CNC en 2017. Dès cette première œuvre, Sjöström fait preuve d'une maîtrise du langage cinématographique exceptionnelle, dépeignant comment les circonstances façonnent l'individu plutôt que les qualités intrinsèques du bien et du mal. Nous ne pouvons qu'espérer que d'autres films de son début de carrière soient redécouverts dans un futur proche.


Jon Wengström


Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP). 


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