Du 24 mai au 13 juin, la Fondation Jérôme Seydoux - Pathé s’associe à la Cineteca Nacional de México et à la Filmoteca de la UNAM (Universidad Nacional Autónoma de México) pour une carte blanche qui retrace les débuts du cinéma mexicain et, par la même occasion, l’histoire tourmentée d’un pays en pleine crise politique, sociale et religieuse.
L'arrivée du cinématographe Lumière au Mexique à la fin du XIXe siècle a permis de découvrir une société à la fois prospère et inégalitaire. Alors que d'un côté, les oligarques, le gouvernement et l'industrie porfirienne visent une européanisation sociale, culturelle et économique avec des idéaux bourgeois et coloniaux, de l'autre, les masses rurales du pays sombrent dans l'oubli, la misère et l'exploitation. Le cinéma va devenir un outil qui, d'une certaine manière, montre les deux réalités, bien que ses perspectives soient presque toujours alignées sur celles du pouvoir.
Cette inclinaison n'a cependant pas empêché les objectifs des pionniers de la cinématographie nationale, tels que les frères Alva ou Enrique Rosas, réalisateur en 1919 du serial inspiré des exploits d’un gang sanguinaire El Automóvil gris, d'enregistrer (bien que de manière indirecte) les conditions sociales opposées du pays. Au début du XXe siècle, le Mexique plonge dans un profond processus révolutionnaire ; la révolution mexicaine (1910-1920) est considérée par beaucoup comme « la première révolution filmée de l'histoire ».
Les premières vues cinématographiques captées par les opérateurs des frères Lumière cèdent la place aux films de propagande tournés durant et après la révolution, mais aussi à des œuvres mêlant brillamment fiction et documentaire comme Tepeyac (1917), qui décrit les coutumes populaires et religieuses à travers les apparitions de la Vierge de Guadalupe, et à des adaptations littéraires comme celle du roman de Federico Gamboa par Luis Peredo, Santa (1918), avec Elena Sánchez Valenzuela qui fut l'une des premières actrices du cinéma mexicain et une pionnière de la préservation des archives cinématographiques. Puis viennent les grandes productions muettes du cinéma national, amplement inspirées par le cinéma américain tels que les thrillers de Gabriel García Moreno, El Tren fantasma et El Puño de hierro (1927). Le 14 janvier 1931, un séisme dévaste la ville d’Oaxaca. En plein tournage de Que Viva Mexico ! Sergueï Eisenstein se rend sur place pour témoigner de ce qu’il en reste et réalise La Destrucción de Oaxaca.
Cette sélection éclectique de films de formats, de longueurs, de styles et de genres différents reflète la croissance progressive d'une industrie cinématographique qui a trouvé un terrain fertile sur le territoire mexicain.
Deux conférences viendront éclairer ce programme de films. Rosario Acosta Nieva et Éric Taladoire, tous deux archéologues, historiens et auteurs de l’ouvrage Adelitas : les combattantes dans la Révolution mexicaine (Ed. Cerf, 2022) expliqueront le rôle du cinéma, de la photographie et des femmes lors de la Révolution mexicaine. Richard Peña, professeur de cinéma à Columbia University de New York, proposera une présentation du cinéma muet mexicain.
Les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).
Ce cycle de cinéma s’inscrit dans la dixième édition des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes (du 25 mai au 10 juin 2023)
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