La séance est composée et présentée par Sébastien Ronceray *
Filmer l’animal, chercher à le représenter cinématographiquement, invite à envisager une forme relative d’altérité entre lui et nous. Dans les images, l’animal semble pris entre les limites du cadre, et ce malgré son autonomie voire son indisponibilité face à l’effet de mise en scène induit par la prise de vue. Jamais de liberté pour l’animal filmé. Et sans doute pas plus pour ceux qui les filment. Alors, c’est dans les failles que l’animalité peut être accessible aux spectateurs, quittent à ce qu’ils se retrouvent plongés au cœur des procédés mécaniques du cinéma et des effets photochimiques, jusqu’à la dissolution des figures. Ainsi, à travers cette programmation de films expérimentaux, est-il possible d’estimer à sa juste valeur la proposition de Giorgio Agamben (dans Images et mémoires en 1998) : « Une définition de l’homme de notre point de vue spécifique pourrait être que l’homme est l’animal qui va au cinéma ».
Accompagnement musical :
Ignacio Plaza Ponce est auteur-compositeur et improvisateur. Il accompagne régulièrement des films muets (à la Cinémathèque française et dans différents festivals dans le monde), en solo ou en petit orchestre. Il a également mis en musique plusieurs spectacles de lanterne magique (INHA, CNC, Institut Français) et théâtraux, ainsi que des performances avec des artistes peintres et plasticiens.
Album : Sobre sordos (album-roman, 2019), et à venir Arrullos avec Sélène Saint-Aimé et Matteo Pastorino, et Magali Cazo aux pinceaux.
Tusalava
de Len Lye, 1929, 16 mm, 11 minutes, muet
D’inspiration moderne et primitive, ce film invente des formes inconnues, hybrides et mélancoliques.
Marche des primates et stations debout
de Dominik Lange, 2000, numérique, 11 minutes, silencieux
« Ce film saisit avec beaucoup de sensibilité ce moment de vacances, de disponibilité, où l'être humain se coupe, provisoirement, de son rigide corset social. » Raphaël Bassan
Out of the Melting Pot
de Ganz Studio J.W., 1928, numérique, 3 minutes, muet
Ce film est « la transition depuis une interprétation abstraite vers une interprétation réaliste des animaux du zoo vient souligner les différences entre les deux états. » - Bruce Posner
Rennsymphonie
de Hans Richter, 1929, 16 mm, 7 minutes, muet
Documentaire impressionniste d’inspiration dadaïste sur la préparation et le départ d'une course de chevaux, où des spectateurs se présentent nombreux pour parier, regarder les chevaux et célébrer une victoire bien méritée.
Vue n°407 : Caravane de chameaux
vue Lumière (opérateur : Alexandre Promio), 1897, DCP, 1 minute, muet
Quelques secondes dessinant une diagonale parfaite.
Parable of the Tulip Painter and the Fly
de Charlotte Pryce, 2008, 16 mm, 4 minutes, silencieux
« Une fleur toxique ; un insecte métaphorique ; l'étendue d'un désir à travers les siècles. » Charlotte Pryce
Sirius Remembered
de Stan Brakhage, 1959, 16 mm, 11 minutes, muet
« J'étais en train de me confronter à la décomposition d'une chose morte et à la décomposition des souvenirs d'un être cher qui était mort, et cela sapait tous les concepts abstraits de la mort. La forme était rejetée par le même besoin physique qui fait que les chiens dansent et hurlent en rythme autour d'un cadavre. Je prenais la chanson comme source d'inspiration pour la structure rythmique, tout comme les chiens qui dansent, se pavanent autour d'un cadavre et hurlent dans des structures rythmiques ou des intervalles rythmiques peuvent être considérés comme la naissance d'une sorte de chanson. » Stan Brakhage
Buffalo Lifts
de Christina Battle, 2004, 16 mm, 3 minutes, muet
Un troupeau de bisons essaie désespérément de s'accrocher alors qu'ils traversent l'image du film.
La Pêche miraculeuse
de Cécile Fontaine, 1995, 16 mm, 10 minutes
Plongée javelisée au cœur des émulsions Ektachrome de films de famille et de documentaires, s’exhibant alors des fonds et des formes inconnus…
Berlin Horse
de Malcolm Le Grice, 1970, 16 mm, 9 minutes, sonore
La répétition d’images provenant de deux sources différentes, mais travaillées au laboratoire avec des procédés équivalents de filtres colorés, et la musique de Brian Eno, génèrent un phénomène de « boucle chromatique » dans laquelle l’animal semble s’égarer.
Vue n°407 : Bocal de poissons rouges
vue Lumière, 1896, DCP, 1 minute, muet
Au travers d’un aquarium déformant, des poissons circulent entre les rayons de lumière.
Copies en provenance de Lighcone et Institut Lumière.
* Sébastien Ronceray est co-fondateur de Braquage, association proposant des programmations, des ateliers et des expositions, il est aussi cinéaste et enseignant.