COMPLET
1930 - 1h02
Réalisation et scénario : Hamo Bek-Nazarian
Photographie : Hamo Bek-Nazarian
Production : Armenkino
Pour son premier long métrage documentaire, Beknazaryan recourt autant à des images d'archives qu'à des scènes rejouées, pour créer une fresque historique et poétique sur la transformation de la province de Nairi en florissante république soviétique.
Format de la copie : DCP
Restauration commandée par le National Cinema Center of Armenia avec l'aide du Ministère de l'Education, de la Science, de la Culture et du Sport de la République d'Arménie. Nouvelle restauration 4K à partir d'un positif 35mm par One Man Studio, Yerevan, 2022. ©NCCA 2022
Dédié au 10e anniversaire de la soviétisation de l'Arménie, Land of Nairi est le premier long métrage documentaire réalisé par Bek-Nazarian, présentant un vaste panorama historique de la transition de l'Arménie d'une colonie russe à une république soviétique. Concédant une indifférence totale pour le format documentaire, Bek-Nazarian, à travers une vision poétique voire surréaliste, traite son sujet comme un conte dramatique, dans lequel le personnage central est le pays lui-même. Son méta-récit est entièrement composé d'images d'archives et de scènes rejouées, de motifs stéréotypés souvent empruntés à ses propres films. Cette approche rappelle l’œuvre de Dziga Vertov, et Bek-Nazarian livre des images d’une rare puissance graphique, semblables à des affiches, qui, une fois assemblées, constituent une sorte de brochure de propagande montrant les maux du capitalisme et le « triomphe » des politiques de collectivisation de Staline. Pour Bek-Nazarian, cet axe idéologique banal est prétexte à transformer le rythme et la composition cinématographique en un médium résolument moderne, qui s’approcherait de la puissance viscérale de la musique.
Fréquemment projeté à Paris et dans d'autres communautés diasporo-arméniennes dans les années 1930, Land of Nairi a été rapidement oublié par la suite. Pourtant, de par son utilisation des images d'archives et ses tentatives de « musicalité visuelle », Bek-Nazarian fait figure de pionnier, ouvrant une voie qui atteignit un point culminant avec des réalisateurs de documentaires arméniens tels qu'Artavazd Pelechyan.
Vigen Galstyan