Au tournant des XIXe et XXe siècles, cirque et cinéma coexistent et cohabitent avec la fête foraine en Europe, et le vaudeville aux États-Unis (qui s’apparente aux « variétés » et au music-hall). Dans un même temps, de nombreux illusionnistes transportent leur art au cinéma.
Les films Lumière, Pathé et Gaumont enregistrent des vues cinématographiques de numéros de clowns, acrobates, contorsionnistes, équilibristes et jongleurs. Ainsi, à travers une pure mise en scène du mouvement, ils documentent, et aujourd’hui témoignent, tout autant de la renommée de ces cirques que de ses personnalités emblématiques et leurs performances extraordinaires : clowns du cirque Medrano, les O’mers, Foottit et Chocolat. Des prestidigitateurs comme Georges Méliès, Gaston Velle ou Léopold Fregoli explorent de nouvelles formes cinématographiques, et façonnent leur théâtre d’illusion, en dévoilant leur performance à l’écran ou en faisant du film à trucs un genre spécifique.
En plein essor, le cinéma absorbe ces arts qui l’avaient aidé à se développer en tant que spectacle. Progressivement, le cinéma narratif se saisit des performances et des personnages caractéristiques (bonimenteur, clown, écuyère, dompteur, acrobate, magicien) pour en proposer une nouvelle représentation. Le comique physique, énergique, parfois violent, des artistes transmet une exaltation qui n’est pas sans déplaire au spectateur puisqu’elle lui permet de s’abandonner au rire, aussi bien qu’à la peur. Ces univers offrent des expériences extrêmes que le cinéma va parfois sublimer par des prises de vues innovantes. Bien que les prouesses de Harry Houdini, défiant la mort, reposent sur la performance en direct, ce roi de l’évasion a recours au cinéma pour non seulement mettre en scène ses cascades et les montrer au plus grand nombre, mais aussi dans le but de les immortaliser.
Refuge d’orphelins et de réprouvés, instrument politique, organisation propice à la manipulation et à la domination, temple de l’attraction et du spectacle, ce monde à la fois extravagant et hors du temps est une véritable métaphore de la condition humaine qui donne à voir, à rire, à éprouver et à réfléchir.
Que le spectacle commence !
Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CSNMDP).