En 2020, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé célèbre les années folles et invite ses spectateurs à retrouver l’esprit d’insouciance qui animait la capitale parisienne à travers des longs métrages précédés d’actualités de l’époque. Enclavée entre la Grande Guerre et la Grande dépression, cette décennie incarne le désir brûlant de vivre sans se préoccuper du lendemain.
Le monde entier se presse aux cabarets des Folies Bergères et du Moulin Rouge (Moulin Rouge, 1928), lieux emblématiques d’un Paris devenu capitale des arts et de toutes les extravagances. Ils accueillent les noctambules pour des nuits électriques devant des spectacles mémorables telles que les chorégraphies de la magnétique Joséphine Baker. Venue des États-Unis, la danseuse triomphe sur scène avant d’être immortalisée à l’écran (La Revue des Revues, 1927 ; La Sirène des Tropiques, 1927).
Toutefois, la culture américaine n’est pas l’unique source d’inspiration en vogue à cette époque. L’arrivée d’émigrants russes, tels que Nicolas Rimsky (Paris en cinq jours, 1925), Joseph Ermolieff ou Alexandre Kamenka, participe à l’émulation créatrice collective. Ces deux derniers, grâce au soutien de la maison Pathé, sont notamment les fondateurs de la société de production Albatros à l’origine de films réputés pour leur luxuriance et leur faste orientaliste.
Ainsi Paris, ses monuments autant que l’âme de ses différents quartiers, sont saisis par les cinéastes et les multiples aspects de la vie en métropole se révèlent magnifiés par le septième art. C’est non-loin du Panthéon et de la Sorbonne qu’Augusto Genina dépeint la romance d’un peintre et d’une étudiante dans une mansarde typique de la ville (Quartier Latin, 1928). Plus lyrique cette fois, René Clair compose un poème visuel en hommage à l’un des majestueux symboles de la capitale, la Tour Eiffel (Paris qui dort, 1923).
À l’inverse, Dimitri Kirsanoff situe son intrigue dramatique dans le quartier populaire de Ménilmontant et le valorise de plans en décors naturels (Ménilmontant, 1926).
Loin du tumulte de la ville, cette programmation tient également à représenter les faubourgs et ses habitants. Dans une approche plus documentaire, Georges Lacombe pose sa caméra aux portes d’un Paris peu représenté où vivent les chiffonniers (La Zone, 1929).
Également au programme : Paris Girls (1929) d’Henry Roussell, Études sur Paris (1928) d’André Sauvage, Mimi Trottin (1922) d’Henri Andréani, La Danseuse Orchidée (1928) et La Femme nue (1926) de Léonce Perret...
Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CSNMDP).