La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé accueille la 7ème édition du Festival international du film restauré de la Cinémathèque française TOUTE LA MEMOIRE DU MONDE du 13 au 17 mars 2019. Toutes les séances sont accompagnées au piano par les élèves de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris).
La séance sera présentée par Richard Peña *
São Paulo, sinfonia da metrópole (São Paulo, Symphonie d'une métropole) – 1929 (63min)
Brésil
Réalisation : Adalberto Kemeny, Rudolph Rex Lustig
Un poème cinématographique en hommage à São Paulo, inspiré par Berlin, symphonie d’une grande ville de Walter Ruttmann.
* Richard Peña est professeur de Film Studies à la Columbia University de New York.
Le film sera projeté en 35mm.
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Adalberto Kemeny (1901-1969)
Rudolf Rex Lustig (1901-1970)
Originaires de Hongrie, les deux hommes y débutent leur collaboration en tant que producteurs de petits films publicitaires, avant de rejoindre les studios de l’UFA à Berlin, puis le Brésil. Engagés par l’Independencia Omnia Film, ils rachètent la société en 1928, la rebaptisant Rex Filme. Point d’orgue d’une carrière discrète, le poème futuriste São Paulo, symphonie d’une métropole (1929) sera leur seule réalisation. Ils ont par ailleurs signé la photographie de Coisas nossas (1931), premier film sonore brésilien.
À la fin des années 1920, São Paulo est déjà une des villes les plus dynamiques au Brésil et en Amérique du Sud. Inspirés par le film Berlin, symphonie d’une grande ville (1927) de Walter Ruttmann, deux cinéastes d’origine hongroise, Rudolph Rex Lustig et Adalberto Kemeny, décident de réaliser un film dont la ville serait l’actrice principale, une œuvre qui célèbrerait l’espace urbain et ses contrastes, durant toute une journée, du matin au soir. C’est ainsi qu’apparaissent le centre et son quartier d’affaires tout comme les usines et les ouvriers, les riches avenues comme les ruelles mal fréquentées. Par sa succession de plans courts et rapides, le film devient une sorte de mosaïque poétique. À l’époque, la ville comptait plus d’un million d’habitants. Ce qui frappe aujourd’hui en voyant le film, c’est la manière dont les lieux principaux, caractéristiques aujourd’hui de cette mégalopole du XXIème siècle dévorée par ses gratte-ciel, sont à l’époque aussi ouverts et tranquilles. Les deux réalisateurs ont choisi une approche formelle moins audacieuse que leur cousin berlinois : tout en étant incontestablement avant-gardiste au regard de la production cinématographique de l’époque, le film est peut-être plus didactique, voire patriotique, insistant sur les écoles, les facs, suggérant que travailler dur conduit aux valeurs d’ordre et de progrès défendues par le drapeau brésilien. Plus inattendue, cette main humaine surplombant la ville de manière gigantesque et naviguant entre aumône au plus pauvre et billets de banque des plus riches, énonçant déjà les inégalités sociales de la ville et du pays.
Bernard Payen