La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et le Laboratoire d’excellence des arts et médiations humaines (Labex Arts-H2H) de l’Université Paris 8, s’associent le temps d’une rétrospective exceptionnelle sur le cinéma muet italien du 31 janvier au 17 février 2018.
A travers une sélection de chefs-d’œuvre de cinq cinéastes italiens, Giovanni Pastrone, Carmine Gallone, Nino Oxilia, Roberto Roberti et Febo Mari, cette programmation est l’occasion de plonger dans l’univers esthétique, historique et socio-culturel de la production italienne des années 1910-1920. Au centre d’un projet de redécouverte du cinéma italien mené par Céline Gailleurd* (ESTCA - Université Paris 8), le Labex Arts-H2H et l’Université Paris Lumière, ce cycle réunit trois séances-ateliers et des projections de copies rares provenant de cinémathèques italiennes (Bologne, Rome, Turin, et Milan) et européennes (notamment le Eye Film Instituut Nederland). Plusieurs séances seront présentées par des spécialistes français et italiens qui discuteront l’interaction entre les arts anciens et le cinéma, le nouvel art, dans cet âge d’or du cinéma italien.
Encore méconnus en France, les mélodrames italiens sont une série de films muets tournés dans les années 1910 avant la crise financière de 1921 qui jettera un coup brutal à l’industrie cinématographique italienne jusqu’à l’arrivée du parlant. La reprise de ce genre théâtral dramatique et populaire à l’écran fit la gloire de ce cinéma qui était l’un des plus importants au monde jusqu’à la fin des années 1910, avec le cinéma français et le cinéma américain. La renommée de ce cinéma vient également des fameuses actrices que ces films mettent en lumière, les dive, les premières stars de cinéma, telles que Francesca Bertini, Lyda Borelli, Pina Menichelli ou encore Elena Makowska. « La chair est photogénique. Les Italiens l’ont compris avant tous les autres » écrivait Louis Delluc. En effet, ces films aux titres évocateurs – Tigre reale (Tigresse royale, Giovanni Pastrone 1916), Il Fuoco (Le Feu, Giovanni Pastrone, 1916), Malombra (Carmine Gallone, 1917), Rapsodia Satanica (Rhapsodie satanique, Nino Oxilia, 1917), Il Fauno (Le Faune, Febo Mari, 1917), La Serpe (Roberto Roberti, 1920), ont posé les prémisses de la femme fatale et de l'érotisme cinématographique. S’inspirant des œuvres les plus en vogue de la peinture, de la littérature, du théâtre et de l’opéra du XIXe siècle, ces drames reprennent les fastes, les délires romantiques et le goût pour l’excès de la littérature décadentiste d’un Gabriele D’Annunzio et le symbolisme évocateur de la musique de Verdi. Ce cinéma est une émanation de toute cette richesse culturelle de l’Italie d’avant-guerre qui se donne à voir telle qu’elle est dans les scènes tournées in situ.
Remerciements :
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et le Labex Arts-H2H remercient particulièrement les traducteurs des films italiens, Stella Chapelain et Giovanni Montini, étudiants de l’Université Paris 8 sous la supervision de Céline Frigau Manning et tous les intervenants.
Maître de conférences en cinéma à l'Université Paris 8 et réalisatrice, Céline Gailleurd est l'auteur d'une thèse intitulée « Survivances de la peinture du XIXe siècle dans le cinéma italien des années 1910 ». Après la réalisation de Jean-Luc Godard, Le Désordre exposé (2012) ou Edgar Morin, Chronique d'un regard (2015), elle développe avec Olivier Bohler, au sein du Labex Arts-H2H et de l’Université Paris Lumière, le projet « Le cinéma muet italien à la croisée des arts européens (1896-1930) » qui donnera lieu à plusieurs événements internationaux dont la réalisation du long-métrage documentaire Decadenza, à l’aube du cinéma italien.