« La Révolution m’a donné ce que j’ai de plus cher dans la vie : elle a fait de moi un artiste. Et si la révolution m’a conduit à l’art, l’art à son tour m’a entraîné tout entier dans la Révolution ». Eisenstein, Mémoires, Julliard, 1989.
A l’occasion du centenaire de la Révolution russe de 1917, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose un cycle consacré au cinéma muet soviétique à travers une sélection d’une vingtaine de films de fictions issus du catalogue Arkeion. Cette filmothèque rachetée par Gaumont en 2007, regroupe près de 1100 films en 35mm, produits dans l’ex-URSS et retraçant toute l’histoire du cinéma russe du XXème siècle.
OCTOBRE 1917 - Une révolution en images se propose de revenir sur les interactions multiples entre la Révolution d’Octobre et le cinéma soviétique des années 1920. Le pouvoir politique, manifesta très tôt un intérêt pour le cinéma, conscient du rôle qu’il pouvait jouer dans l’éveil de la conscience des masses et dans la construction de l’imaginaire autour de la Révolution. Ainsi le cinéma participe pleinement à l’accomplissement du processus révolutionnaire, en tant que force de témoignage et de représentation des événements qui précédèrent, entraînèrent et suivirent la révolution bolchévique.
A la société nouvelle qu’appelle de ses vœux la révolution politique, répond le développement d’un cinéma nouveau. C’est ainsi que la deuxième moitié des années 1920 constitue un âge d’or pour le cinéma soviétique, une révolution des images et du langage cinématographiques, avant la mise sous tutelle stalinienne des années 1930. Outre un essor considérable de la production, ces années d’ébullition témoignent d’un cinéma devenu un champ d’expérimentation de l’expression du cinéma et de la recherche d’une expression cinématographique de la Révolution et des idéaux soviétiques.
Les vingt films sélectionnés témoignent ainsi de l’innovation et du talent d’une génération de jeunes cinéastes, ayant pour beaucoup commencé leur carrière en réalisant des films de propagande à partir de reportages d’actualités, de vues documentaires et d’extraits de films. Cette riche programmation présente certains des chefs-d’œuvre de la période tels que La Mère de Poudovkine, Octobre d’Eisenstein ou encore L’Homme à la Caméra de Vertov. Ce cycle est également l’occasion de mettre en lumière la diversité géographique du cinéma soviétique, à l’instar de l’Ukraine (La Terre de Dovjenko), de la Géorgie (Khabarda de Tchiaoureli) ou de l’Azerbaïdjan (Les Montagnes d’or de Youtkevitch et Les 26 commissaires de Bakou de Chenguelaia).
Période mouvementée politiquement et cinématographiquement, l’historien Georges Sadoul souligne tout le paradoxe de la Révolution de 1917 vis-à-vis du cinéma soviétique : « C’est à la fin de cette dure période [la guerre civile] que le cinéma soviétique parti presque du néant, devait s’élever brusquement au plus haut sommet de l’art. » (Histoire du Cinéma – 5/ L’Art muet (1919-1929), Georges Sadoul, p.235)
Tous les films seront présentés en 35 mm et accompagnés au piano par les élèves de la classe d’improvisation de Jean-François Zygel, en partenariat avec le Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris.