Peut-on entendre avec les yeux ? C’est le pari qu’a tenté le cinéma des premiers temps. Aussi étonnant que cela paraisse, les réalisateurs du muet n’ont pas contourné la difficulté de donner à entendre à travers l’image muette. Ils ont même déployé des trésors d’ingéniosité artistique pour restituer à l’écran l’essence du son, et filer avec la pellicule les arabesques musicales. Leur fascination pour le geste du musicien et la gestuelle du chef d’orchestre n’a d’égale que l’intensité avec laquelle ils ont mis en scène le corps d’une danseuse. Musiciens et danseuses bougent pour réveiller sous nos yeux les musiques assoupies de notre imaginaire. Ils n’ont pas besoin de bien jouer ou de bien danser, mais c’est parce que leurs gestes sont admirablement captés par la caméra que la musique est belle.
Pour lancer la Fête de la musique, la Fondation Jérôme Seydoux Pathé a regroupé dans un cycle, une sélection de films sur le thème de la musique et de la danse au temps du cinéma muet. Y seront présentées aussi toutes les expérimentations qui ont été menées pour doter la pellicule d’une bande son dès l’invention du cinéma : les premiers phono scènes de Léon Gaumont ou le phono cinéma théâtre.
Comme le veut la tradition à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, les films muets sont accompagnés au piano, par les élèves de la classe d’improvisation de Jean François Zygel, en partenariat avec le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.